Du regroupement au groupe conversationnel

Publié le par isa

Je prends enfin le temps de revenir sur une partie de mes préparations.

Vous avez , sans doute, constaté que j’avais diminué le temps des regroupements (6 mn pour le premier – 10 mn pour le deuxième- 5 mn pour le dernier).

Nous avions eu une discussion l’année dernière à propos de l’équilibre entre temps collectifs et temps petit groupe ou individuel dans le cadre du projet sur le livre de récits.

J’ai toujours conseillé à tous ceux qui m’envoient leur emploi du temps pour supervision de commencer par faire un simple calcul : additionner les durées de temps collectif puis les durées de temps individuel. La proportion doit toujours être en faveur du second. Si ce n’est pas le cas, alors il faut reprendre son emploi du temps et corriger.

Le temps collectif est important pour créer la cohésion et se sentir appartenir au groupe, pour unifier les projets, pour apprendre à tenir compte des autres.

Mais le temps individuel ou petit groupe correspond mieux au petit enfant, il est plus actif, plus pris en compte, plus motivé.

J’ai donc choisi de commencer l’année en modifiant les durées des regroupements pour travailler en petit groupe conversationnel, c'est-à-dire que je propose de faire ce qui était fait ordinairement en grand groupe : lecture de l’album, discussion autour des notions, activité de compréhension.

L’intérêt est de faire du langage tout en faisant agir les élèves c’est pourquoi la description de l’activité comprend des étapes qui alternent discussion et action. L’élève est plus sollicité du fait du petit groupe, et il prend l’habitude de participer.

L’idéal du groupe conversationnel est d’avoir un groupe homogène , c'est-à-dire des petits parleurs ensemble, des moyens parleurs et des grands parleurs (cf. Agnés Florin). Cependant, comme je l’avais proposé dans un travail de rémédiation langage pour les GS, il est bon également que les grands parleurs apprennent à tenir compte des petits parleurs et de ce fait, les mélanges doivent également exister, d’autant plus qu’en début d’année en petite section, les petits parleurs sont souvent ceux qui n’ont pas encore le langage.

Il est primordial de miser sur l’oral, l’écrit dépend de cette capacité, la lecture c’est comprendre une pensée, et le travail de compréhension commence à l’oral, c’est dans une attitude réflexive sur la communication que l’enfant accède aux pensées d’autrui.

Le groupe conversationnel n’est pas seulement la situation de l’enseignant qui parle au groupe comme il a tant l’habitude de le faire en grand regroupement mais c’est aussi pour lui la recherche pour provoquer les échanges entre élèves.

En faisant ce choix, l’enseignant sait qu’il va renoncer à certaines activités qu’il avait certainement l’habitude de faire et qui laissait certes plus de traces qu’une activité langagière.

C’est pourquoi afin de susciter l’intérêt pour cette organisation, j’y ai ajouté un moment pratique où les élèves agissent, réalisent et ceci tout en discutant.

L’innovation pédagogique est un processus de changement qui agit en tenant compte de l’existant. Pas à pas, on peut changer, c’est dans une démarche volontariste nourrie de conviction qu’on avance pour adapter son enseignement. Mais la seule véritable cause est celle des enfants.

Du regroupement au groupe conversationnel
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V
Je chante beaucoup surtout en début d'année et en général &quot;c'est magique&quot;, tous les élèves se calment, viennent s'assoir ...<br /> J'ai juste un question: j'avais l'habitude les autres années de mettre la date au premier regroupement. Ca prenait beaucoup de temps et un seul enfant venait mettre la date au tableau, du coup c'était la pagaille et parfois long. Je ne l'ai pas encore mis en place cette année et je ne sais pas comment faire. Comment faites vous dans vos classes?
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E
Moi aussi j'ai réduit mes temps de regroupements et j'en suis très satisfaite. Et je note aussi que mon ellipse fonctionne très bien, les enfants ont juste le critère de s'asseoir sur la ligne et du coup ils sont tous en bonne position pour voir, il y a moins de pagaille qu'avant sur les bancs et au sol.
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E
Pour l'instant, je n'ai quasiment rien fait &quot;au tableau&quot; enfin sur ma zone d'affichage. Déjà, je trouve important qu'ils prennent leurs repères dans la journée avant de penser aux jours de la semaine puis aux mois... Sinon, on fait les mêmes activités structurantes de la PS à la GS, quelle progressivité dans tout ça? J'ai donc pour l'instant juste 2 lignes avec des photos/illustrations des différents moments de la matinée puis de l'après-midi. Quand on lit un livre ou qu'on discute, tout le monde est assis pieds vers le centre. Quand on regarde la zone d'affichage, je leur demande de regarder les images mais de garder les fesses sur la ligne. Du coup, naturellement ce sont ceux qui sont dos au tableau qui se retournent, pas les autres. Certains ont voulu se lever au début, je leur ai rappelé qu'il fallait avoir les fesses sur la ligne, ça a plutôt bien fonctionné, le critère est simple à comprendre.
G
Emilie, tu dis qu'ils sont tous assis en bonne position pour voir. Est-ce qu'ils sont donc tous assis un peu comme une ronde assise, quasi &quot;face à face&quot;, ou bien certains tournent-ils le dos à d'autres pour regarder vers un tableau ?
I
Est ce qu'ils sont assis à même le sol et si oui, ta classe peut elle être salie ( boue, eau... ) ?
E
L'an dernier j'avais réaménagé ma classe de TPS/PS sans coin regroupement à la rentrée. Cela ne m'a pas manqué. Les élèves n'étaient pas prêts. Je m'installais dès les premiers jours à l'endroit qui allait devenir le coin regroupement pour chanter, lire des histoires les yeux dans les yeux, en petits groupes et naturellement, au fil des jours, le groupe s'est agrandi. Fin septembre le groupe classe au complet pouvait être assis ensemble et s'écouter un temps court autour d'activités où la parole était presque toujours accompagnée de gestes ou d'actions concrètes (albums théâtralisés, chansons à gestes etc...)<br /> A cette rentrée, j'avais dans l'idée de prendre ce temps mais ça a été beaucoup plus vite !!! dès la seconde semaine tous ont accepté de venir s'assoir, ils ont bien plus rapidement montré de l'intérêt aux jeux de doigts aux comptines, sont rentrés dans le groupe par des percussions corporelles.<br /> Les règles de ce temps sont encore en construction, il est court mais les bases sont là.<br /> Je veille quand même à garder des temps en petits groupes, des lectures les yeux dans les yeux.<br /> Je crois comme vous que les deux dispositifs sont complémentaires.
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C
Eh oui, difficile de changer les habitudes. J'ai bien raccourci mon temps de rassemblement, et depuis pas mal d'années. Et cette année, je m'étais dit que j'allais essayer de changer le format de mes rassemblements pour privilégier plus de temps en petits groupes, ou avoir l'enfant plus actif et plus au centre . Mais je suis bien reparti dans mon schema habituel, tout en réfléchissant à comment changer... Et il va falloir que j'essaie autrement. Surtout qu'en debut d'année avec les collègues américains et chinois ( il y a aussi un programme mandarin dans l'école) nous avons eu une réunion où on s'est posé la question du bien fondé de ces rassemblements en grand groupe. <br /> Régulièrement j'arrive à m'assoir sur le tapis pour une lecture d'histoire, ou des manipulations d'images, mais faut il répéter plus souvent ces temps, d'une certaine façon informels, ou non. Faut il mieux les organiser? Certainement. Et peut être quand même garder un rassemblement en grand groupe pour la cohésion? Mais quand on observe bien tous ces petits assis sur le tapis, sont ils vraiment conscient de l'unité classe, est ce que ca aide à former cette unité? pas convaincu... Il y a bien d'autres activités plus intéressante pour l'unité du groupe... Mais bon, je fais quand même mes 3 rassemblements chaque jour, qui durent entre 10 et 15 mn.
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I
Il y a l'image de l'enseignant pivot comme on peut le voir dans les classes plus grandes où ce rapport aux élèves est vertical, le moment de regroupement s'apparente au cours magistral et comme nous avons nos propres représentations du métier en partie liées à nos propres souvenirs, nous reproduisons ce positionnement y compris avec de très jeunes enfants. L'enseignant parle seul ou avec cinq, six élèves et le reste attend, s'agite, s'ennuie, observe, est ailleurs.... En terme de langage, le profit est faible, en terme de socialisation le profit est bon, c'est pourquoi on le maintient mais si on le raccourcit ni notre position n'est remise en cause, ni l'intérêt langagier n'en subit les conséquences.
I
La notion de groupe en cohésion peut effectivement se vivre dans d'autres situations ( anniversaire, EPS, sorties...) mais s'asseoir pour parler ensemble, pour faire certains rituels, pour chanter et dire des comptines, pour évoquer des projets ,pour écouter une lecture me semble être incontournable parce que la fréquence et la visualisation du groupe favorisent l'idée d'appartenance et de reconnaissance de soi et des autres, effectivement un petit n'intellectualise pas ces moments mais il intériorise les émotions. C'est aussi à l'enseignant de faire verbaliser sur cette idée de cohésion. Et ça vient. Donc je ne suis pas favorable à l'abandon de cette pratique, je crois qu'il faut la repenser. Et que le langage autour d'un livre est plus bénéfique en petit groupe comme nous l'avons évoqué.