J'ai envie de crier, je le fais !
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Hier soir ma fille me raconte que sa collègue était impressionnée de savoir que son petit neveu se retrouvait dans une classe de 32 élèves en petite section, ce matin c’est Gwen qui me dit qu’elle a déjà reçu ses 27 élèves et que demain vont s’y ajouter 7 nouveaux élèves, au total 34 élèves.
Alors, je prends ma « plume » et je veux dénoncer ces conditions d’accueil qui en 2014 mettent encore en difficulté des petits élèves vulnérables.
C’est un besoin organique de se sentir en sécurité. Comment oser croire que les enfants qui arrivent dans de telles classes ne vont pas en subir les conséquences et vont le vivre avec distance et raison ?
A cet âge, l’adulte représente leur seule protection, certes les élèves doivent apprendre à faire avec ces deux adultes présents ( atsem et enseignant) mais faut-il connaître un sentiment terrible d’abandon et de perte pour entrer dans cette compréhension ?
Pourquoi passer brutalement d’une organisation qui tenait compte de ce besoin de sécurité ( crèche, nounou, maman) à notre école maternelle où il semble acquis que les petits, tout-petits peuvent être entassés dans un même lieu ? Jusque dans nos propres rangs, le brouillard est épais , c'est-à-dire des collègues trouvent normal de grossir les effectifs des petites sections pour alléger ceux des classes pensées « plus sérieuses ». L’enfant a disparu et il ne s’agit plus que d’effectif, de nombre, de répartition.
Mais est-ce que chacun ne peut pas tenter d’imaginer un moment ce que ce petit enfant vit quand il arrive dans une classe pour la première fois de sa vie ? Il ne connait ni les lieux, ni les personnes, ni les autres enfants, ni ce qu’il vient y faire, ni ce qui l’attend, il débarque dans un monde inconnu avec des codes, un langage qui parfois sont très éloignés des siens. Il est souvent démuni de son moyen de communication "savoir parler" et c’est donc dans un total dénuement qu’il doit affronter ce magma d’enfants. Il arrive avec un appareil psychique en construction, il ne sait pas raisonner sur ce qu’il ressent comme nous pouvons le faire face à une situation stressante en tant qu’adulte. Il reçoit les émotions sans filtre, c’est donc dans une grande violence qu’il intègre l’école.
Alors, j’entends parfois des remarques du type : « Ah mon dieu, comment font-elles avec autant d’enfants, moi avec deux c’est déjà difficile ? », ce sont des constats, on plaint les maîtresses de petite section et puis on passe à autre chose. Oui les enseignants souffrent de ces nombres imposants, ils sont épuisés le soir et parfois en veulent à leurs petits élèves d’être si ….ou pas…et ils ont toute mon admiration. Mais qui se met à la place des enfants ? Où est leur considération? Ne sommes nous pas dans une société qui doit protéger ses plus faibles ? Jusqu’à quand ferons- nous les aveugles ?
M@gistère (site du ministère) lance depuis l’année dernière un travail en maternelle sur l’espace et l’aménagement de la classe. C’est intéressant, d’ailleurs nous nous y lançons également sur le blog. Partir des besoins des élèves et dire que le premier besoin est celui de leur sécurité n’est pas une utopie mais bien une réalité, sécurité physique, sécurité affective, sécurité psychique. Alors commençons à leur donner celle-ci en diminuant les effectifs avant de changer la disposition des meubles et le contenu des coins…. Qui osera me démontrer que ces situations d’accumulation d’enfants si jeunes leur sont profitables ?