Et le premier jour d'école, qu'est-ce qu'on fait ?
L’année prochaine se dessine petit à petit grâce à votre aide, je vous en remercie.
Je ne suis toujours pas décidée sur l’artiste ou les artistes de la période 2, je n’arrive pas à choisir, tiraillée entre le déjà vu (Kusama), le célèbre ( Picasso, Matisse…) ou la surprise ( ?) et pour le musicien, c’est encore plus difficile étant donné que je ne suis pas « musicale ». Même chose pour l’auteur de la période 5, est-ce parce que c’est si loin que je ne parviens pas encore à me pencher sérieusement sur la question ? Bref, je suis dans la phase mouvante du choix.
Concernant les livres, vos propositions sont déjà abondantes, je vais aller à la pêche aux petites pépites pour créer un peu de mystère, mais c’est une de mes spécialités donc je ne doute pas d’y parvenir.
Etant partis du plus large (le thème, l’année) , ayant resserré sur les périodes puis enfin sur la première période, nous arrivons au moment le plus court mais qui peut être le plus inquiétant, il s’agit du premier jour. Je vous ai donné à lire une conférence de Mme Metra qui expliquait combien ce moment de séparation était symboliquement unique et qu’il était essentiel de le préparer.
Elle explique qu’un enfant ne peut rentrer dans les apprentissages qu’à la condition qu’il soit suffisamment bien « séparé » pour désirer aller chercher ailleurs des outils pour comprendre le monde et se comprendre lui-même. Cette rentrée à l’école est donc un moment charnière dans ce processus de séparation, elle peut laisser des traces , comment faire pour que celle-ci provoque une dynamique et non pas un immobilisme ? Comment accueillir ?
Pour celles et ceux qui n’auraient pas lu la conférence et je le comprends en cette période de fin d’année intense, je vous propose de regarder le tableau de Van Gogh que Mme Metra prend en référence pour symboliser l’arrivée à l’école, il est merveilleusement bien choisi et bien décrypté.
Extrait de la conférence de Maryse Métra:
On a ici un jardinier. Je trouve que la posture de l'enseignant qui accueille l'enfant à l'école est celle de ce jardinier : il a ses outils non pas de jardinage mais ses outils pédagogiques à portée main, il est vraiment dans une posture d'accueil, à la hauteur de l'enfant pour répondre aux besoins de l'enfant qu'il accueille. Je voulais aussi m'arrêter sur la mère et son enfant qui peuvent symboliser la famille et l'enfant. Là j'ai envie de dire que ça se passerait plutôt bien pour une entrée à l'école, à savoir qu'il y a un mouvement dynamique de l'enfant qui tend les bras on suppose vers le papa. L'enfant est quand même assez curieux ; spontanément il a quand même envie de s'intéresser à ce qui se passe à l'école. D'emblée on peut avoir ce mouvement dynamique; d'ailleurs la petite Pia ne se montrait pas aussi traumatisée que ne l'était son papa. J'aurais souhaité qu'on s'arrête un moment sur cette relation parents -enfant. Là, je vous disais que ça se passe plutôt bien, on sent un mouvement dynamique de l'enfant vers la culture, c'est un jardin agricole nous, à l'école c'est une autre forme de culture. La maman a l'air d'accompagner or, dans bon nombre de situations, on se rend compte que ce n'est pas aussi évident. J'ai connu pas mal d'enfants qu'on retenait par les bretelles. J'ai connu aussi d'autres situations où on poussait un peu fort l'enfant derrière les épaules avec une entrée un peu en force au niveau de l'école et là ça se passe pas toujours très bien. On aurait pu aussi s'arrêter sur la traversée de ce jardin : elle se passera d'autant mieux qu'on aura nous préparé ce jardin. Au niveau du terrain, au niveau de l'école, on aura préparé cette rentrée. J'aurais envie de vous dire aussi qu'on a une barrière et la famille a franchi la barrière pour entrer dans ce jardin : c'est l'inscription à l'école ça, c'est quand même une demande d'une famille pour inscrire son enfant à l'école pour partager avec d'autres adultes l'éducation de l'enfant. C'est quelque chose d'important. Si on avait à réfléchir avec les enseignants, même avec les parents autour de cette idée de franchir le barrière on aurait pu discuter aussi de là où les parents vont s'arrêter. A mon sens, les parents n'ont pas à franchir la traversée complète du jardin avec l'enfant. Je dis souvent qu'on ne scolarise pas les parents avec l'enfant. Cette métaphore du jardin me permet aussi de penser la place des parents dans l'école. Pour moi, les parents doivent franchir la barrière c'est-à-dire qu'ils ont une place dans l'école de fait, le bulletin officiel le prévoit, mais une place qui est la leur, qui n'est pas de venir, de traverser, d'être auprès de l'enseignant. Là aussi il faut que les parents acceptent que quelque chose de la vie de leur enfant va leur échapper. C'est quelque chose qui est vécu parfois de manière difficile par les parents plus que par les enfants. L'enfant sait quand il quitte la famille que c'est provisoire. On lui a dit "on viendra te chercher tout à l'heure". Mais c'est pas toujours évident pour des enfants qui auront vécu des situations difficiles, qui, par exemple, auront été hospitalisés dans leur petite enfance, qui auront été quelque part lâchés par les parents qui auront dit "je te laisse chez la mamie, je vais chercher le pain, je reviens tout à l'heure " et qui auront passé deux ou trois jours pour faire un voyage en amoureux, ils avaient le droit mais seulement il fallait peut-être annoncer les choses autrement, supporter les pleurs de l'enfant au moment où on se séparait plutôt que de le leurrer. On a parfois des enfants qui ont eu comme ça des expériences de lâchage, volontaire ou pas parce que je pense à des hospitalisations, que les parents évoquent d'ailleurs au moment où ils amènent leur enfant la première fois à l'école, et qui font que ça peut être un peu douloureux.