L'évaluation positive, qu'est-ce que c'est ?
Au sujet de l’apprentissage du langage, Mireille Brigaudiot écrit : « L’enfant imite les parties motrices du langage, c’est parce qu’on va féliciter l’enfant (Bravo) qu’il va avancer. Ce bravo est le reflet pour lui de ce qu’il vaut aux yeux des autres. Chaque fois qu’un enfant essaye, il faut l’encourager et lui dire BRAVO ».
Notre précédente discussion (Evaluation ou sélection) a soulevé la question du sens autour de l’évaluation positive.
Un échange avec Charlie a pointé la difficulté à mesurer ses encouragements.
Charlie : « Un regard positif et encourageant me paraît primordial pour que les enfants apprennent sereinement. Mais il ne signifie pas selon moi qu'il faille féliciter systématiquement tous les enfants. A trop féliciter, les mots risquent de perdre de leur valeur. Personnellement, les félicitations d'enseignants exigeants m'ont toujours plus marquée que celles venant d'enseignants prompts à féliciter. »
Et cet échange m’a vivement intéressée parce qu’il illustre la difficile attitude à tenir et l’influence de nos représentations.
J’ai tenté de comprendre ce que sous-entendait Charlie, évidemment j’ai compris qu’il fallait mesurer ses compliments, mais qu’ y avait-il derrière ce besoin de mesure ?
Est-ce l’idée qu’en donnant trop de félicitations on gâtait le désir d’effort pour apprendre ?
Est-ce l’idée que les éloges doivent être un bien rare pour les donner comme des récompenses à ceux qu’on estime ?
Est-ce l’idée que complimenter serait une sorte de démagogie pour la paix en classe ?
Est-ce l’idée que l’enseignant qui se réjouit souvent de ses élèves manquerait de rigueur et d’exigence ?
Est-ce l’idée qu’il n’y a que certaines réussites qui méritent la reconnaissance ?
Est-ce l’idée que le plaisir à l’école doit se gagner ?
C’est passionnant et je remercie Charlie parce qu’elle ouvre une réflexion importante sur ce qu’est l’évaluation POSITIVE et sur ce que chacun y met ou ne veut pas y mettre.
Cela nous amène à visiter nos propres considérations sur la manière dont l’évaluation influence la motivation des élèves et leur désir d’apprendre.
En relisant les propos de Mireille Brigaudiot, je me dis qu’effectivement quand l’enfant voit et entend la satisfaction de l’adulte qui l’accompagne dans ses apprentissages, il ressent alors une dose de confiance et d’estime qui lui sert de moteur sur un temps donné. Faudra-t-il qu’il attende encore très longtemps au prix de grands efforts une nouvelle approbation ? Cette attente est-elle tenable pour certains plus fragiles et n’y a-t-il pas un risque plus fort de découragement ? Certains seront sensibles, d’autres un peu moins mais chacun sait pour l’avoir vécu personnellement combien les compliments accélèrent l’envie d’agir.
Ce débat est la première partie de notre recherche autour de l’évaluation positive, il y aura un autre volet sur les autres points qui servent l’aspect positif.
Mais j’aimerais vraiment que vous vous interrogiez sur votre façon d’envisager cette manière d’être en tant qu’enseignant, où se trouvent vos propres limites et comment voyez-vous l’usage du Bravo dans votre classe ?