Quand fait-on l'évaluation est une question impossible
Quand on se penche sur la question du temps, on se heurte à la question du temps, réfléchir sur le temps quand on n’a pas le temps, c’est ubuesque, non ?
Depuis la rentrée de Septembre, nous débattons de l’évaluation.
Certaines et certains d’entre vous tentent d’élaborer des outils pour accompagner leur démarche évaluative.
J’ai essayé plusieurs fois de vous interroger sur la notion temporelle, quand fait –on l’évaluation ?
Je me suis heurtée à une forme de vide, même si des réponses ont été apportées, je ressentais un vrai blanc face à cette interrogation.
Et les blancs m’intéressent car ils disent quelque chose.
Effectivement, comment interpréter cette impossibilité à cadrer temporellement ses évaluations ?
Pour ma part, je le comprends de plusieurs manières. D’abord, je pense que la complexité du sujet fait que chacun s’interroge sur la pertinence de ce qu’il a mis en place et comme il n’a pas de cadre rassurant alors il y a une forme d’émiettement des idées ( un petit bout d’évaluation par ci, un autre par là, une évaluation pour l’enseignant, une évaluation par l’élève) qui rend difficile de rassembler et de formuler une organisation claire et structurée dans le temps. Ensuite et c’est aussi la cause de la raison précédente, le flou dans lequel l’institution laisse les enseignants les insécurise et les culpabilise, cela renvoie au sens « Je fais parce qu’on me dit de faire ensuite parce que je pense que c’est bien mais quand, comment, pour quoi ? » et la troisième raison est que l’institution feint de croire que les enseignants ont le temps de construire leurs instruments d’évaluation et on en revient au temps : trouver le temps de créer ses outils de mesure, trouver le temps d’évaluer, trouver le temps d’analyser, trouver le temps de rendre compte.
J’aimerais que des décideurs viennent lire vos réactions et qu’ils mesurent (à leur tour) combien ce qui est demandé est hors du temps.
C’est pourquoi je m’engage à vous aider à développer vos outils tout en vous prévenant que vous ne devez pas passer votre temps à évaluer, je crois qu’il y a une urgence à prendre conscience que des choix doivent être faits. Il est irréaliste de penser que tout doit être évalué.
Si l’orientation actuelle se dirige vers une évaluation positive, elle doit l’être également pour l’enseignant et celle-ci doit être simplifiée, claire, structurée pour que dans les années à venir quand on vous demandera « Quand fait-on l’évaluation ? » vous puissiez répondre facilement.