Au secours, le carnet de suivi ? par Natalys
J'avoue que j'en perds mon latin et que je me sens complètement perdue et noyée dans tous les documents que je peux lire concernant la mise en place du carnet de suivi. Nous nous sommes rencontrés en équipe (nous sommes 5 dans l'école) pour réfléchir sur la mise en forme de ce carnet et je crois que nous avons fait fausse route. Nous étions parti sur un livret de suivi avec un système d'étiquettes que chaque enfant aurait eu à sa disposition en entrant en PS. Au fur et à mesure qu'il aurait acquis des compétences, l'étiquette correspondante aurait été collée dans un livret souple à spirales répartis en 5 domaines chacun avec une couleur différente. L'élève aurait été partie prenante de ses progrès: bienveillance, plus de sériation par niveau de classe. On donne les étiquettes restantes au collègue de la classe suivante.... Or, lorqu'on lit les documents Eduscol et que l'on regarde les trois modèles de carnet de suivi ce n'est pas du tout cela l'attendu. Mes collègues pensent qu'il n'est pas réalisable dans une classe de 28 élèves d'avoir un appareil photo vissé autour du cou et un calepin autour de la taille pour noter tel ou tel progrès. Quoi observer, qui et quand? Chaque carnet de suivi va donc être différent selon le parcours de l'enfant? Quelle est la place des progressions dans ce système? Avec ma collègue de PS, nous avons suivi l'exemple de ton cahier des habiletés qui, il me semble, correspond en grande partie au carnet de suivi.
En plus, j'ai acheté le livre : "Aménager les espaces pour mieux apprendre. A l'école de la bienveillance" chez Retz et alors là, je suis sans mot. Ce livre, je pense, va dans le sens du carnet de suivi et demande à repenser complètement sa façon de travailler en classe....Il est très intéressant mais déstabilisant!
Voici un résumé du livre:
Afin de penser une école bienveillante et de croiser les études récentes en neurosciences ( Catherine Guegen) ainsi que les pédagogies alternatives (Montessori, Freinet,...), il faudrait revoir :
- les aménagements de la classe en utilisant les pièces qui jouxtent celle-ci : couloir, bcd, dortoir, etc et utiliser les pièces de l'école pas forcément à leur fin propre.
- le fonctionnement classique en 4 groupes qui tournent sur la semaine en considération du peu de bénéfices qu'il apporte aux enfants : automatismes, se sentir insécuriser face à une activité, pas de libre-choix, être toujours avec les mêmes pairs, pratiquer une activité par domaine une seule fois.....
- le regroupement
- les déplacements
Les espaces sont pensés pour prendre en compte les besoins des enfants: mouvement, faire tout seul, expérimenter, découvrir et créer des interactions avec ses pairs.
Une fois lister au sein de l'école les espaces inutilisés ainsi que les coins jeux ou jeux à disposition (vérification du matériel qui doit être en quantité suffisante et complet pour les puzzles par ex.). L'enseignant organise et réflechit les espaces pour proposer diverses situations de jeux correspondants aux divers domaines d'apprentissages: langage, sciences, mathématiques, constructions, créations, graphisme, agir avec son corps, repos.....
Lors d'un regroupement bref, il explique aux élèves les différents espaces qui leurs sont accessibles, celui ou l'atsem se trouve et celui ou lui-même se trouve. ( Le but du jeu est d'exploiter au maximum les possibilités des locaux pour mettre un adulte dans une pièce et un autre dans une autre afin de gérer le nombre mais aussi le bruit). Les enfants se déplacent, à leur gré, d'un coin à un autre en prenant soin de laisser la trace de leur présence. Il n'y a pas forcément de limite de nombre.
L'enseignant ainsi que l'atsem vont être observateurs du coin ou de l'atelier qu'ils vont animer. Sur la période 1, par exemple, l'enseignant aura prévu une progressivité sur l'atelier voitures, graphisme et constructions. Il se cantonnera à noter les réussites et progrès des élèves qui viennent à son atelier et saura offrir des situations de jeux différentes selon le niveau des enfants. L'atsem fera de même avec ce que l'enseigant lui aura préparé. Un enfant qui n'est pas encore venu à l'atelier pourra être sollicité pour y participer. Les enfants qui pensent avoir réalisé une réussite ou un progrès sur les ateliers "libres" sont invités à le signaler à l'adulte ou à le conserver dans un endroit prévu à cet effet.
Dans cette configuration, l'atsem a plus d'amplitude d'action et ses compétences dans la connaissance des élèves sont reconnues. Elle a plus d'autonomie et son rôle est essentiel au bon déroulement des apprentissages. Elle aussi note et observe les progrès et réussite des enfants qui passent à son atelier....
Ne penses-tu pas que cette mise en scène (car il faut être sacrément un peu metteur en scène pour élaborer et planifier le décor, les rôles et les actions de chacun) va de concert avec le carnet de suivi?