Qu’est-ce que l’attention dans l’observation ?
L'attention est comme l'oiseau ; il faut perdre bien des flèches pour l'atteindre une fois.
L’observation serait la forme intellectuelle de l’attention parce qu’elle ne se contente pas du fait mais qu’elle est une activité intentionnelle. Cependant, l’observation requiert cette qualité mentale qu’est l’attention. Pour observer, nous devons exercer cette faculté.
Il serait donc vain de partir dans des investigations d’élèves comme nous le recommandent les programmes si notre concentration n’est pas dans sa pleine maitrise. Qu’est-ce qui peut faire obstacle à celle-ci ?
- Le nombre d’élèves est certainement un élément objectif qui va déterminer les conditions. Plus ce nombre est élevé, plus le regard risque de s’éparpiller, plus l’écoute s’en trouve diminuée, plus les perceptions peuvent être troublées.
- Le manque de cadre c’est-à-dire l'incapacité à se mettre en projet et à savoir quelle information est recherchée va rendre compliqué le contrôle attentif. Le risque d’éparpillement et de bifurcations sont les corollaires d’une attention mal dirigée.
- L’insuffisance de pratique est également un point négatif, il n’y a qu’en pratiquant davantage que nous développons notre vigilance. Le manque de temps est mis en avant par les enseignants pour justifier de l’impossibilité de pratiquer l’observation, c’est de mon point de vue fonctionner à l’envers et estimer que celle-ci ne serait qu’un objectif secondaire qui serait considéré selon des disponibilités aléatoires.Or l’observation est une composante (maintenant reconnue) indispensable de l’acte d’enseigner.La capacité à s’adapter à chaque élève, la capacité à trouver des solutions face aux difficultés d’apprentissage, la capacité à être un enseignant créatif dépendent en grande partie de la connaissance de chacun.
S’exercer à être attentif demande donc du temps, mais aussi de la patience et du désintéressement c’est-à-dire une certaine humilité; d’abord parce que nous devons perdre l’habitude de juger à partir de nos attentes. L’être humain est naturellement peu attentif à ce à quoi il ne s’attend pas.Ainsi, choisir d’observer un enfant demande une grande ouverture qui permet de voir réellement sans le filtre de nos convictions parfois erronées. C’est pourquoi l’attention est intimement liée à la curiosité et à un stade supérieur à l’émerveillement.
Si l’enseignant est suffisamment motivé par son projet d’observation, et qu’il sait fermer ce qui n’est pas important à ses yeux et ouvrir ce qui l’est alors il a de fortes chances de rester attentif tout au long de son observation.
L’observation est un talent remarquable qui s’apprend. La qualité de présence que j’évoquais dans le précédent article de cette série passe par l’exercice de son attention contrôlée. Celle-ci devient un acte volontaire, une exigence personnelle où devenir actif intérieurement relève d’une rigueur professionnelle élaborée.
Quelles sont les étapes pour développer son attention ?
Comment situez-vous et jugez-vous votre qualité d’attention ?
En quoi cette qualité d’attention mène-t-elle à l‘observation de l’élève en nous préservant de voir ce que nous croyons qu’il est mais de préférence en nous permettant de voir ce qu’il est capable de devenir ?