Et le cadre dans l'observation ?
Lorsque l’attention est calée parce que son importance a été mesurée et comprise, l’enseignant se retrouve face à l’immensité du possible.
Certes, il désire et aspire à aller à la rencontre d’un enfant mais maintenant que son implication est acquise, il cherche ce qu’il doit chercher.
Est-ce la personne, est-ce l’action de cette petite personne, est-ce le résultat de son action à lui enseignant, est-ce des questions, est-ce des réponses ?
Nous voyons bien là qu’émerge l’idée d’intention. Quelle est l’intention dans l’observation ?
L’enseignant ne peut partir observer ses élèves sans intention.
Chacun détermine ses vues. Il le fait en rapport avec ses préoccupations qui peuvent être tout à fait personnelles, mais aussi tout à fait institutionnelles.
En considérant le nombre d’enfants dans une classe, il est illusoire de penser tout observer à tout moment pour chacun d’eux. Il existe de nombreuses grilles d’observation dont la multitude de détails font frémir les plus perfectionnistes. C'est souvent un sentiment culpabilisant qui ressort de ces lectures avec une forme d'impuissance qui fige plutôt qu'elle impulse.Dans la réalité, combien de personnes se lancent dans ces tableaux à remplir ? Il y a une autre voie que le découragement.
Comment déterminer ce qui importe ? Et comment savoir qui observer prioritairement ?
Nous voyons bien là qu’émerge l’idée de primauté. L’enseignant ne sera jamais aussi efficace que lorsqu’il saura cibler le meilleur angle d’aide pour chaque élève. Il semble inutile de se perdre dans une abondance de données qui n’apportent que peu d’informations au regard du travail que cela demande. Le professionnalisme relève de la capacité à opérer des choix et à s’y tenir. Mieux vaut observer moins mais le faire avec détermination. Cela demande de la justesse et de l'application.
Nous voyons bien là qu’émerge l’idée de cadre. Pour préserver l’attention , répondre à l’intention et viser la primauté, la définition du cadre s’impose. Créer les contraintes (espace-temps), mettre en place un dispositif (matériel-lieu), délimiter l’action (consignes), déterminer le champ d’observation (comportement-apprentissage-langage…), sélectionner l’observé et les observables constituent la structure d’une démarche d’observation. Cela peut paraître astreignant, mais ce cadre rigoureux dans son aspect doit être souple dans son centre en limitant les observables. Vouloir tout voir mène à ne rien voir, l’humilité est de reconnaître nos insuffisances. Détacher de ce poids, l’aisance de l’observation devient alors un moteur à cette pratique.
L’enseignant semble prêt, il sait ce qu’il observe, qui, comment…. Va-t-il se garantir contre sa propre subjectivité ? Comment faire pour que son regard ne cherche pas ce qu’il attend ? Mais ce sera l'objet d'un prochain article.