Le carnet de suivi et l'observation: conclusion
Suffit-il d’observer pour connaître ? J’ai souri en lisant ce sujet du bac philo Jeudi dernier. Aurions-nous été capables de nous lancer dans cette dissertation ?
Nous avons exploré ce thème avec toute notre curiosité et notre intérêt professionnels , la recherche n’est jamais terminée et il est toujours bon de persévérer.
Cette interrogation philosophique nous invite à repenser le fil de nos débats.
L’observation suppose un objet, un cadre, un temps, une méthode afin de réduire la subjectivité dont chacun est porteur. Il est difficile de s’empêcher de superposer ses idées reçues, ses préjugés au regard que nous portons sur ce qui nous entoure, c’est pourquoi l’observation demande une rigueur. Cette rigueur ne doit pas être un frein à sa réalisation. Elle doit permettre de cerner ce qui va la simplifier et la rendre aisée.
Etre simple reste un des défis de notre métier.
La simplicité, c’est être certain de l’objet d’observation « Utilise-t-il le je pour parler du lui ? »
La simplicité, c’est avoir défini le cadre « Je les prends un par un en séance de langage"
La simplicité, c’est se donner un temps « Je me donne la semaine pour les entendre tous »
La simplicité, c’est choisir sa méthode « Je leur propose de commenter une photo prise en eps »
En ayant éprouvé son observation (qui correspond à l’hypothèse qu’on se donne pour les progrès à franchir dans les apprentissages) on accède à une connaissance mais elle ne suffit toujours pas. Cette connaissance brute n’a d’intérêt que si l’analyse faite postérieurement permet de construire une nouvelle démarche d’enseignement. On comprend alors que le fil de l’observation est infini.
L’enseignant ne peut y consacrer tout son temps, faute de quoi il n’enseigne plus. Il lui faut alors choisir, faire un classement entre ce qui lui semble être prioritaire et ce qui l’est moins.
Cet exercice s’avère être le plus compliqué, il s’oppose à cette posture omnisciente que les professeurs endossent et défendent. C’est pourtant dans cette attitude que les enseignants s’enferment et se plaignent de ne pouvoir tout faire et tout observer. Il y a comme une volonté du tout ou rien qui met en difficulté et débouche sur une insatisfaction et un sentiment de découragement.
Au cours de ce long fil déroulé, nous sommes arrivés à la conclusion que le langage dominait tous les autres apprentissages et qu’il était l’axe central semblable à une colonne vertébrale qui donnerait à l’enfant le moyen de se tenir debout.
Persuadés qu’il fallait se donner cet objectif d’observation comme le premier et convaincus que seule la simplicité serait gage de motivation et de résultat, nous avons ,à nouveau, réfléchi sur ce qui pouvait être observé pour informer le carnet de suivi destiné aux familles.
Peu de réponses sont parvenues ( mois de Juin…), mais Elodie a donné une direction qui m’apparaît sage et correspond aux attentes institutionnelles :
« Pour mes observables, je me suis aidée du dernier livre de Mme Brigaudiot.
- communique avec l'adulte/ses camarades par le regard, des gestes, des bruits...
- a parlé pour la première fois en classe ...
- s'exprime en mots phrases, phrases à 2 mots "cassée voiture", phrase simple " regarde, y a poussé Jovan", début de phrases complexes "parce que... après..."
J'essaie de noter chaque fois que j'observe un grand progrès un exemple de productions orales. »
Elodie n’est pas noyée sous les items, elle se consacre à un essentiel qui donne de manière simple un niveau de langage. Libre à elle d’y ajouter d’autres observations si elle en a le temps. Les autres domaines d’apprentissage sont épurés de la même façon en fonction de ce qui a été travaillé en classe.
La nécessité de l’observation ne fait plus aucun doute et j’espère que nos débats auront éclairé votre route. Rappelez-vous qu’être simple ne veut pas dire incomplet, que cette capacité à viser l’essentiel ne gomme pas le travail périphérique qui participe à la construction de la charpente.
En conclusion, je termine sur ce qui vous est apparu essentiel dans un premier temps et que je résume ainsi « Observer que les enfants aiment venir à l’école ». C’est , à mes yeux, un enjeu prioritaire que vous ne devez jamais perdre de vue mais il ne rentre pas dans le carnet de suivi parce que ce n’est pas un apprentissage, on n’apprend pas à venir à l’école avec plaisir, on le vit et c’est de notre responsabilité que de construire les conditions pour que chacun ait ce sentiment de joie en venant à l’école.
Merci d’avoir participé tout au long de cette année à ce passionnant sujet.