Nos réponses à l'agressivité : Qu'est-ce que l'agressivité ? Module 1

Voici notre troisième volet du module « Qu’est-ce que l’agressivité ? » autour des réponses éducatives et pédagogiques à cette problématique.
Je veux d’abord remercier celles qui ont accepté de donner leurs observations et de montrer que la vie en classe n’ est pas toujours rose. Je voudrais leur dire que dès qu’on se penche sur un phénomène, on le modifie, c’est pourquoi ces exercices d’observation ont un rôle essentiel.
La réflexion de Sandra au sujet de l’agressivité le confirme « Je ne pensais pas qu’elle était à ce point présente dans ma classe ». Il y a une prise de conscience qui lève le voile sur une attitude de déni ou d’habitude qui voudrait qu’on ne voit plus ce qu’on a sous les yeux parce que ça nous dérange intellectuellement. Réfléchir à la violence demande des efforts et la lutte quotidienne contre tous ces petits moments parasites épuise l’activité mentale.
Je veux rappeler que les observations ne portent que sur les agressions physiques et notre étude ne va s’intéresser qu’à cela. Certaines ont relevé des enfants qui crient, qui parlent fort, qui dégradent du matériel, qui montrent de la désobéissance aux ordres, qui piquent des crises, ces actes accompagnent souvent l’agressivité mais afin de limiter notre travail nous nous en tiendrons à la brutalité physique qui est identifiable immédiatement.
Revenons donc à vos observations qui illustrent tout à fait les travaux de R.Tremblay prochain sujet du module 2.
Le constat est le suivant :
- Le rythme des agressions chez les petits enfants est élevé, AnneL fait observer qu’elle note une agression par quart d’heure. Beaucoup d’entre vous avancent qu’elles ont eu du mal à « suivre », qu’il leur était difficile de « tout » noter, que ça allait très vite parfois…
- Le lieu vecteur d’agressivité semble être la cour de récréation mais pour certaines cela peut être partout.
- Le mode agressif est principalement sous forme de poussées mais revêt aussi des formes cruelles variées qui répertoriées ainsi peuvent faire dire à Daomich « C’est ahurissant les messages ! »
- Deux fois plus de garçons que de filles agressent dans vos observations.
- Les éléments déclencheurs sont la frustration, l’incapacité à partager mais peuvent également sembler anodins voire inexistants.
Vos ressentis expriment souvent un profond désarroi : désemparée, choquée, impuissante, rude épreuve…
Vos réponses donnent un sentiment de fatalisme : impuissante, aucune influence, surveiller sans cesse, en alerte permanente…
Avant d’aborder vos prochaines réponses détaillées, nous pouvons donc affirmer que l’agressivité chez les petits enfants existe à un niveau élevé. Cette constatation est importante parce qu’elle doit nous permettre d’accepter cet état de fait.
Accepter ne veut pas dire regarder sans agir, accepter veut dire qu’il y a un phénomène qui existe partout, qui est inéluctable (on ne peut pas penser qu’il n’existe pas ou qu’il ne devrait pas exister) et qui demande des réponses éducatives et pédagogiques sur lesquelles il est ABSOLUMENT impératif de se pencher.
C’est un travail de longue haleine et vos ressentis se heurtent à cette évidence. Vous aimeriez qu’un seul de vos mots, qu’une seule de vos mises en garde, de vos sanctions viennent à bout d’un comportement ancré. Il s’agit d’une illusion qu’il vaut mieux abandonner. En revanche, commencer ensemble à répertorier vos réponses afin de mettre en commun des attitudes et en discuter va constituer une étape à ce lent processus d’apprentissage de la vie en société pour ces petits enfants.
Aujourd’hui et pendant deux semaines, je vous propose que nous listions les réponses que vous utilisez en cas d’agression physique.
Et j’aimerais également que vous vous posiez deux questions :
- Est-ce que je ferme les yeux sur des comportements qu’il faudrait reprendre ?
- Est- ce que je me sens inefficace ?
Merci de participer à ce passionnant fil rouge.