Différence filles-garçons : module 4 Agressivité

Nos échanges sur les jeux de bagarre ont soulevé une série de questions auxquelles nous avons apporté nos réponses. Parmi les questions, l’une d’elle avait trait à la différence entre les filles et les garçons.
A plusieurs reprises, vous avez rapporté des observations qui semblaient accréditer l’idée que les filles utilisaient moins l’agression physique et étaient moins portées sur les jeux de bagarre que les garçons. Vous avez raison, les études le montrent.
Voici le constat de R.Tremblay :
Les études sur les différences de fréquence d’agression entre filles et garçons selon l’âge révèlent des modèles particulièrement intéressants. Les garçons utilisent l’agression physique toujours plus que les filles. Cette différence est la plus faible à 2 ans, elle augmente avec l’âge jusqu’à l’adolescence puis diminue de la fin de l’adolescence jusqu’à l’âge adulte.
L’auteur attribue cette différence à différents facteurs :
- Génétique : différence hormonale avec un niveau variable de testostérone, plus présente chez les garçons, elle leur assure des muscles plus puissants qui les rendent plus apte à combattre.
- Le développement du langage et du contrôle des émotions : les filles ont un développement plus rapide ce qui leur permet de trouver plus rapidement des alternatives à l’agression.
- Culturel : Les enfants ont une attirance naturelle à aller vers leurs semblables. Les filles aiment jouer avec les filles et les garçons avec les garçons. Cette prédisposition n’exclut pas la mixité mais choisir un meilleur ami se fera majoritairement dans son groupe d’appartenance « La discrimination selon le sexe dans les jeux n’est pas imposée par les adultes, et c’est par le jeu que les enfants apprennent à prendre leur place dans leur groupe de pairs » écrit R.Tremblay.
A la lumière de cet éclairage, la convergence des constats et la rigueur des études permet d’établir le fait que les filles s’orientent vers une forme d’agression plus indirecte. L’utilisation du langage offre la possibilité de détourner son agressivité tout en cherchant à nuire: ne plus jouer avec l’enfant visé, inciter les autres enfants à ne plus jouer avec l’enfant visé, dire du mal de l’enfant visé…
Cette forme d’agressivité est une mauvaise alternative mais elle offre l’avantage d’être plus "acceptable" que l’agression physique. Des études (Sex differences in physical and indirect aggression. A developmental perspective) montrent que les filles y ont plus recours que les garçons durant l’enfance et qu’à partir de l’adolescence jusqu’à l’âge adulte les deux sexes l’utilisent tout autant. Je pense que nous en avons des exemples tous les jours en politique….
Bien que nos investigations portent sur l’agression physique, il est essentiel de ne pas mésestimer ce phénomène. Et il serait d’ailleurs préjudiciable de penser que seuls les garçons ont à apprendre les alternatives à la violence. C’est un contexte global qui a pour objectif de permettre aux unes et aux autres l’apprentissage de relations harmonieuses. La fréquence des interactions sociales favorise cet apprentissage, c’est parce que les enfants sont confrontés à vivre avec d’autres enfants ( garçons et filles) qu’ils ont le plus de chance de comprendre comment se comporter de manière civique. Et comme il s'agit de moyennes, il est normal d'observer que certaines filles n'agissent pas ainsi comme certains garçons n'ont pas systématiquement recours à la violence.
Nous savons que le débat autour des différences garçons-filles ouvre des confrontations parfois âpres. Alors, j’attends avec curiosité vos réactions pour l’intérêt de ce fil rouge.