Nos réponses face au jeu de bagarre : module 3 Agressivité
Le plus extraordinaire est que ces jeux de combat auraient des effets inverses à ce qu’on croyait. Ils n’apprennent pas aux enfants à devenir violents ; ils leur apprennent la merveilleuse alternative : la fiction
Ce qu’on apprend au contact de l’autre, c’est le respect de l’autre
A travers les questions que nous avons soulevées dans le précédent article de notre série sur l’agressivité du petit enfant, nous avons exprimé les dilemmes qui nous traversent :
- Autoriser les jeux de bagarre, est-ce rendre acceptable la bagarre ?
- Autoriser les jeux de bagarre, est-ce s’isoler du reste des éducateurs qui ne l’entendent pas de cette façon ?
Nous avons également tenté de comprendre cet élan naturel pour être en capacité de l’accepter :
- Qu’est-ce que ce besoin ?
- Existe-t-il une différence entre filles et garçons ?
- Existe-t-il une différence entre individus ?
D’autre part, il nous est apparu nécessaire de cerner précisément le jeu de bagarre :
- Libre ou réglementé ?
- Faut-il un temps et un espace ?
- En cas de réglementation, quelles activités proposer ?
- En cas de libre jeu, quels signes pour reconnaître plaisir ou conflit ?
Notre débat pointe l’importance de chercher à répondre à une problématique qui n’en finit pas d’interroger les adultes au fil du temps et à travers le monde.
En tant qu’éducateurs, nous cherchons à contrer l’ élan naturel de l’enfant et nous constatons que cette lutte est infinie ; non seulement, ceux dont le besoin de se bagarrer les dépasse parviennent très difficilement à se contrôler mais ceux qui en subissent les effets n’avancent pas non plus dans l’autoprotection. L’interdit de toute confrontation physique ne crée-t-il pas le désir exacerbé de trouver des moments, des lieux pour se livrer hors de tout contrôle à cette vague irraisonnée ? Les enfants qui ont intégré, parfois de manière rigide en raison de leur structure, l’acte défendu se retrouvent démunis face aux agressions, n’y-a-t-il pas pour eux un risque de voir un jour se rompre brutalement le mur qui semblait les protéger de leur propre agressivité ?
Face à cela, nous avons , parfois dans des circonstances qui nous l’imposent, la possibilité de changer d’angle de vue.
Et si une autre approche était possible ? Et si ce que nous interdisons à longueur de temps pouvait être ce qui permet d’en sortir ? Et si comme pour le besoin chez les petits de lancer des cailloux, nous donnons des ballons , nous les autorisions à se mesurer dans des jeux de bagarre afin de répondre à leur besoin ?
Cette acceptation passe par la réflexion et encore mieux par la réflexion collective. Comparer nos points de vue, répondre à nos interrogations, confronter l’avancée de nos idées permettent à chacun de faire un choix éclairé sur le sujet.
Je vous propose de partir des questions ci-dessus et d’apporter votre avis sur l’une ou l’autre en pensant à indiquer son numéro.
Ma réponse à la question 1 :
Autoriser les jeux de bagarre, est-ce rendre acceptable la bagarre ?
Cette question sur l’acceptabilité de la bagarre soulève la confusion des mots.
Un éducateur interdit ,en premier lieu,aux enfants de se faire mal, il définit cet acte à travers les transgressions qu’il observe et ne nuance pas toujours. Bien souvent, le jeu de bagarre devient synonyme de faire mal, il n’est pas synonyme de plaisir malgré le mot Jeu qui porte en lui toute la joie de vivre.
Associer l'expression "jeu de bagarre" à l’acte « faire mal », c’est prendre le risque de troubler l’esprit des enfants. Jouer devient synonyme d’interdit. Il est donc important de mener avec les enfants un travail sur la capacité à distinguer jouer et se faire mal.
« Quand on joue, c’est agréable, si cela ne l’est plus, alors ce n’est plus du jeu ».
Un adulte peut autoriser le jeu de bagarre et interdire la bagarre dès lors qu’il définit ce qu’est le jeu : une fiction... cette alternative dont parle Richard E.Tremblay qui porte en elle tout le respect de l’autre.
Le judo, la lutte, la boxe ... autant de jeux où la confrontation physique est le défi ne rendent pas acceptables les rixes entre individus mais peuvent les aider à canaliser leur agressivité et à avoir un meilleur contrôle d'eux-mêmes.