L’autorité, qu’est-ce que c’est ?: Module 6 Agressivité

Tout au long de ce fil rouge « L’agressivité et le petit enfant », nous avons tranquillement tenté de comprendre ce qu’étaient l’origine de la violence et ses manifestations chez le petit enfant, nous avons également interrogé nos représentations comme le jeu de bagarre et nous avons approfondi les méthodes d’éducation. Ce nouveau module est un miroir que nous nous tendons pour nous observer : notre présence, nos attitudes, notre détermination jouent un rôle dans l’apprentissage d’abandon de son agressivité chez l’enfant.
L’autorité exclut l’usage de la force.
Depuis un certain temps, de nombreux discours autour de l’école insistent sur la nécessaire autorité que les enseignants doivent retrouver, à croire que les enseignants ne seraient qu'une unique personne qui aurait perdu un pouvoir précieux du passé.
Qui veut faire un retour en arrière de manière honnête ? Par le passé, l’école a également été un lieu de violence, violence de la part de certains adultes qui humiliaient, terrorisaient, frappaient ou utilisaient des procédés douloureux (ex :mains sur la tête pendant de longs moments) afin d’asseoir leur force sur des enfants faibles. Il ne s’agissait pas d’autorité mais de domination. En aucun cas, ces façons d’agir ne donnaient aux enfants l’autonomie qui rend libre et fait devenir sujet de soi-même pour se construire une vie choisie.
L’autorité passe par la légitimité.
En revanche, les discours passéistes montrent le point faible des enseignants qui est le manque de reconnaissance. Considérer que les enseignants dans leur globalité n’ont pas d’autorité, c’est pointer le manque de confiance qu’on leur accorde. Or, c’est précisément ce dont une personne a besoin quand elle occupe un poste dont la valeur passe par la mesure de son autorité. C’est donc une affaire de confiance entre les enseignants et la société. De jeunes professeurs peuvent alors intégrer un manque de légitimité qui les dessert dans leur prise d’autorité, et ce d’autant plus que les élèves entendent les critiques qui agissent sur leur propre sentiment de sécurité : comment se sentir rassurés quand la personne à qui ils sont confiés n’est pas digne de confiance ?
L’autorité, c’est occuper sa place
La légitimité est dans un cercle large reliée au rayonnement dans la société. Dans un cercle plus réduit, elle est conditionnée au positionnement que l’enseignant prend vis à vis de ses élèves. Il ne s’agit pas d’être dans la domination, il s’agit d’être dans une hiérarchie. L’enseignant a le pouvoir pédagogique dans l’intérêt de l’enfant. Ses compétences professionnelles sont au service de l’enfant et sa place est claire, il n’est ni le parent, ni le copain des élèves, il est leur enseignant. Il est important de le préciser afin qu’aucune confusion ne puisse troubler les jeunes esprits.
L’autorité, c’est prendre ses responsabilités
Assumer son rôle d’enseignant, ce n’est pas qu’une affaire de pédagogie. Le professeur face à ses élèves est également le garant de la loi, il protège les liens humains et modère les liens sociaux. Il ne peut se contenter de délivrer son savoir sans tenir compte des rapports humains de la microsociété qu’est la classe. Il a une responsabilité éducative contrairement à ce que certains pensent (ex : éduquer, ce sont les parents). Les règles sont établies et exprimées clairement, elles exigent de la part de l’enseignant de ne jamais laisser tomber sa tâche d’éducation, d’avoir la volonté d’aller au bout d’un conflit, d’entretenir une détermination à toute épreuve.
L’autorité, c’est un travail sur soi
Avoir de la ténacité, de l’exigence, de la rigueur constitue un défi professionnel que l’enseignant ne peut négliger, il ne peut demander à ses élèves la persévérance dans tout ce qu’ils font et apprennent et ne pas être lui-même un modèle de cette énergie. Cela passe par une autocritique (ex : reconnaître ses erreurs et ses manquements), une capacité à un regard juste porté sur les élèves ( ex :ne pas croire aux mauvaises intentions des enfants mais reconnaître qu’il s’agit d’une étape de leur développement normal), une facilité à accepter la réalité plutôt que de croire à l’illusion d’une classe idéale, une volonté d’oser, de s’affirmer dans ses compétences, ses choix et ses buts. L’autorité se construit et demande d’être sincère avec soi-même en reconnaissant ses zones de frustration. Personne n’atteint totalement la sagesse mais chacun peut essayer et trouver le bon équilibre entre exigence et souplesse.