Manifester son exemplarité pour affirmer son autorité : Module 6 Agressivité

L’école, lieu d’apprentissage et de socialisation, donne à l’élève une place et un cadre qui lui permettent de comprendre comment il ne faut pas se comporter si l’on veut se mettre en situation de savoir.
Rien n’est aussi contagieux que l’exemple
L’enseignant , en fixant le cadre et en donnant une place , garantit les bases de son autorité, qu'en est-il de son exemplarité ?
Et que recouvre ce terme ?
Nous savons que la loi est la même pour tous et nous en connaissons les principes : justice, honnêteté, respect, politesse, ponctualité …
Nous savons que les compétences sociales assurent la vie en société , tout cela est connu et s’appuit sur des normes, mais l’exemplarité qui s’inscrit dans tous les moments et toutes les actions à l’école est-elle suffisamment définie pour être incarnée ?
Que faut-il à l’enseignant pour afficher son exemplarité ?
L’exemplarité, c’est croire en l’influence que j’ai sur les autres, mais comment me garantir d’un mauvais usage de cette influence ?
L’exemplarité, c’est vouloir que l’autre change, mais suis-je capable d’accepter pour moi-même le changement ?
L’exemplarité, c’est montrer un moi idéal, mais comment ne pas tomber dans le désir d’élèves à l’image de moi ? |
L’influence est un moyen éducatif qui demande prise de conscience. L’effet maitre est connu et étudié, il est maintenant pointé comme le principal facteur de réussite des élèves. Les qualités humaines du professeur sont amplement mises en avant et dès lors on peut parler d’influence du maitre sur les élèves. C’est lorsque l’enseignant a une haute idée de sa mission qu’il se montre le plus exemplaire. Le revers de cette posture reste que si ses attentes sont fortes, erreurs, manquements,transgressions peuvent être vécus comme une offense, et dans la relation inégale maitre/élève, le risque est de ne pas parvenir à combattre sa propre propension à la violence. Cela ne signifie pas qu’il ne faut plus croire en la grandeur de sa tâche, mais il est bon d’accepter d’être mis en doute et d’être mis en échec malgré son exemplarité.
Rechercher que l’élève change pour accéder à la maîtrise de lui-même et à la culture de la volonté passe par le chemin de l’exemplarité. Des observations aux pratiques, chacun a emprunté cette voie pour comprendre comment s’inscrire dans une relation harmonieuse aux autres. Cette voie mène au changement, l’enfant qui désapprend à agresser se transforme et s’abandonne aux codes du groupe social. L’adulte qui souhaite susciter cette transformation doit s’interroger sur sa propre capacité à vivre le changement et notamment sa capacité à changer son regard et à mesurer combien la souplesse favorise l’amélioration.
Etre enseignant, c’est entrer en spectacle et accéder au regard admiratif de ses élèves. Dans l’exemplarité, il y a la recherche d’un certain idéal de soi, parfois une quête de perfection et c’est toute l’ambiguïté de cette charge. Etre mais laisser être, c’est à dire permettre à l’élève de devenir qui il est et non pas celui que l’enseignant idéalise à l’image de lui. L’enseignant accompagne l’élève en restant à ses côtés, et non pas devant lui. C’est en acceptant l’altérité que le professeur se défait de son désir de maitrise et qu’il parvient à une authentique éducation à la relation.
Nous aurions pu nous interroger aussi ainsi :
- Quand j’ai une relation difficile avec l’atsem de la classe, suis-je exemplaire ?
- Lorsque je critique les parents d’un élève en sa présence, suis-je exemplaire ?
- Quand mon téléphone sonne pendant nos activités, suis-je exemplaire ?
- Je ne salue pas les enfants qui arrivent le matin, suis-je exemplaire ?
- Je crie lorsqu’un enfant ne m’écoute pas, suis-je exemplaire ?
- Je donne une autorisation dans une situation normalement interdite, suis-je exemplaire ?
- ...
J’ai préféré aborder la notion d’exemplarité à travers ses profondeurs et certainement ses freins mais rien n’empêche de prendre un autre chemin de pensée si vous en avez le souhait.