Réponse à Vanessa sur la rentrée
Vanessa écrit :
Tout d'abord, un grand merci pour ce trésor de conseils que vous portez si généreusement à notre connaissance. Je démarre pour la première fois en PS/MS à la rentrée. J'ai une question par rapport aux premiers jours: je constate que vous proposez dès le premier jour une activité avec un consigne ' décorer un dessin avec crayons, gommettes ..'Or,j'ai entendu dire qu'il ne fallait pas poser de consigne ( laisser les enfants découvrirent ), les enfants ne savent pas utiliser un crayon, ne comprendraient pas la consigne 'autour'...Comment cela se passe-t-il chez vous? Comment réagissent-ils? De manière plus générale , on m'a conseillé d'insister sur ateliers 'de fonctionnement de vie de classe' durant les 3 premières semaines ( comment se servir de la pâte à modeler, comment s'asseoir, comment utiliser les feutres, comment utiliser les jeux de la cour, comment se servir d'un livre, comment ranger les jeux, etc...)Les apprentissages ( peinture..) venant après, une fois que les fonctionnements sont installés. Quels sont votre avis et vos expériences sur ce sujet ? Merci pour tout vanessa
Ma réponse :
Effectivement Vanessa, je conseille une rentrée scolaire par une mise en activité immédiate avec consigne de travail liée au livre ou à l’évènement vécu par les élèves sans période de « découverte » des fonctionnements.
Quelles sont mes raisons ?
L’observation faite depuis de nombreuses années montre que la facilité d’adaptation des enfants passe par l’activité, plus ils agissent et mieux ils s’adaptent à ce nouvel environnement qu’est l’école, mais agir doit prendre sens pour eux, la motivation qu’ils ont à agir dépend de ce sens que prend l’activité. Les jeunes enfants se lassent très vite, passent d’une activité à l’autre sauf si le but est clairement identifié.
Par ailleurs, la séparation qu’ils ont à surmonter ne les envahit pas , leur esprit est tourné vers la tâche.
D’emblée, l’enseignant leur signifie qu’ils sont dans un lieu d’apprentissage : une école et qu’ils vont devenir élève, c’est symbolique.
Pour autant les fonctionnements sont explicités ( il faut remettre les bouchons aux feutres sinon ils sèchent et n’écrivent plus, tu t’asseois sur tes fesses et non pas sur tes genoux, c’est moins fatigant pour toi….)
Vous me dites par exemple : les enfants ne savent pas utiliser un crayon ou ne connaissent pas la notion « autour ». Faut-il toujours partir de ce qu’ils savent faire et comment atteindre l’étape suivante sans se confronter à la difficulté ? Certains enfants ont besoin de l’année entière pour tenir correctement leur crayon et pourtant ils auront dessiné, tenté d’écrire malgré cette maladresse et ce manque de coordination.
Le plaisir à « faire pour » est un merveilleux élan qui va aider l’enseignant à vivre ces « fameux » quinze premiers jours de petite section de la meilleure façon.
Je m’explique : il faut compter environ 15 jours pour que les pleurs cessent. C’est très difficile nerveusement et moralement. Vous allez constater que lorsque les enfants agissent dans un but, les pleurs diminuent nettement et reprennent de plus belle dés qu’il y a désoeuvrement. Tous les moments critiques sont la récréation, les passages aux toilettes, l’habillage et déshabillage, les regroupements si vous n’avez rien prévu de visuel ou d’auditif ( livre, marionnette, musique …) C’est pourquoi il est important de leur donner du plaisir à « faire pour » pour que le désir d’école se construise, s’affermisse, se confirme.
J’ai parlé des pleurs ( je vais d’ailleurs en faire un sujet d’article) mais il y a aussi l’agitation engendrée par l’inactivité ou la lassitude du « faire sans », c’est aussi une des grandes difficultés à laquelle les enseignants sont confrontés.
Enfin , toute la première période de Septembre aux vacances de la Toussaint , est prévu dans mes préparations un temps de découverte des activités de l’école maternelle avec un travail plus spécifique autour du VIVRE ENSEMBLE ( devenu DEVENIR ELEVE).
Voici mon avis sur le sujet, Vanessa, ce n’est que mon point de vue et je ne réfute pas les conseils qu’on a pu vous donner sur les ateliers de fonctionnement, cependant si vous souhaitez les mettre en place, donnez leur du sens, créez des enjeux, lancez des défis, sollicitez leur imagination car « comment s’asseoir ?» peut devenir d’un ennui risqué. Il faut être ambitieux pour eux et se demander si personnellement on aimerait faire ce qu’on leur propose, si la réponse est NON, abandonnez.
Bon courage Vanessa, je reste à votre écoute.