remédiation langage avec les grandes sections
Comme les articles sur « l’après midi en petite section » ou « quand les petits dorment ,les grands peignent », voici une promesse que j’avais tenue dans un des nombreux commentaires et que je n’avais pas encore concrétisée.
Il s’agit du travail que je faisais en soutien langage avec les grandes sections que je prenais deux après-midi par semaine pour des séances de 45 mn.
Je vous livre le travail de présentation que je faisais à l’époque . Cet article sera suivi d’autres où je vous donnerai des exemples concrets de séances de langage que je faisais pour le soutien.
« Suite à l’observation des maîtresses durant la première période du premier trimestre, je prends en charge deux groupes d’élèves de grande section en soutien langage le lundi et le vendredi après- midi.
Pour le premier groupe dit groupe 1, il s’agit d’aider les élèves à prendre confiance en eux et à oser parler au cours des regroupements, tout en restant dans le propos de l’échange.
Pour le second groupe dit groupe 2, il faut reprendre avec eux les règles de conversation et leur apprendre à tenir compte des autres , à savoir demander la parole et à ne pas accaparer la discussion tout en ayant un comportement permettant l’écoute active.
Chaque groupe est composé de 9 élèves.
Pour le groupe 1, les premières séances tentent de les mettre individuellement face à leur peur (parler devant les autres ,assis en position centrale) et en tirer une satisfaction qui leur permette de comprendre ce qu’ils peuvent surmonter. Puis , pour les séances suivantes, à travers des petits jeux d’observation et de concentration ( mémoire visuelle), d’attention et d’écoute (mémoire auditive), ils prennent conscience de leurs propres performances afin de les valoriser et de développer leur confiance en eux.
Pour le groupe 2, dans un premier temps, il s’agit de mettre en place les conditions matérielles pour une écoute active. Chacun doit trouver la meilleure place ( ex : pas à côté du copain qui me distrait …..) afin de garantir l’attention et le respect des règles. Par ce choix autonome, les élèves sont responsabilisés et ont à cœur de montrer qu’ils ont raison de leur décision. Ensuite, il faut établir les règles de conversation et les répéter à chaque séance. Par le jeu du silence ( rester silencieux durant une minute à suivre sur l’horloge marquée d’une gommette), ils prennent conscience de leur capacité de contrôle d’eux-mêmes. Enfin ils apprennent à s’écouter dans des exercices de langage devant le groupe.
Dans un second temps, de Janvier à Avril, les deux groupes sont réunis ( 18 élèves Lundi et Vendredi). Il est important qu’ils soient confrontés aux difficultés des autres et mutuellement ils aient le sentiment de servir leurs copains. D’ailleurs un parrainage est institué dés les premières séances, un élève du groupe 2 doit aider un autre du groupe 1 à prendre la parole. Ils apprécient cette responsabilité même si certains ne savent que faire pour aider le copain. Je décide de leur faire vivre des situations extrêmes en matière de règles. Ainsi une séance se déroule en binômes ( groupe 1 et 2), chaque binôme possède un micro, celui qui a le micro peut parler mais dés qu’il le fait , le second s’empare du micro à son tour, s’il ne parle pas , son partenaire ne récupère pas la parole. C’est une situation extrêmement contraignante et frustrante que les élèves vivent de façons différentes. Lors de la séance suivante, la plus grande liberté est laissée à chacun, ils peuvent parler en toute liberté, en laissant les règles de conversation de côté. Cette séance est vécue douloureusement par tous les participants. Le point est fait au regroupement suivant , tous les élèves sont affirmatifs, il faut des règles. Un grand pas vient d’être franchi.
Commence alors la période de défi personnel, les élèves du groupe 1 doivent gagner des gommettes en prenant la parole, et ceux du groupe 2 ne doivent pas en perdre sachant que je leur accorde 3 gommettes en début de séance. Le tableau est visible de tous, dés qu’un élève ne respecte pas une règle que nous avons établie, je raye une de ses gommettes sans un mot ou inversement lorsqu’un ose parler , je lui attribue une gommette. La visualisation de ses difficultés et de ses progrès incite chacun à vouloir mieux faire. Les résultats sont rapides. Il faut maintenant passer de ces réussites en groupe de soutien à celles en classe. Je propose aux élèves le même principe ( les gommettes à gagner ou à ne pas perdre) sous forme de petite fiche sur laquelle apparaît la tâche à accomplir et le nombre de regroupements concernés ( au début du défi , l’élève doit réussir dans un ou deux regroupements dans sa classe, puis au fil des semaines ce sont tous les regroupements, c’est la maîtresse de la classe qui gère la fiche). Au retour en groupe de soutien, chacun est félicité par le groupe selon ses réussites. Ce travail personnel est , pour certains, une confrontation à leur difficulté afin de maintenir en continu leurs efforts.
Ce travail de soutien se termine par un entretien individuel où chacun exprime ce qu’il sait de ses difficultés de départ, puis de ses progrès et enfin de ses perspectives. »