tribune libre:réponse de Didier à Vanessa
TRIBUNE LIBRE |
J'ai lu votre article avec interet, et partage votre vision optimiste de l'inspection à visée formative. Sur le terrain, elle est pourtant assez mal vécue.. il est rare que l'inspection pointe un défaut que nous n'ayons pas déjà repéré dans notre pratique : pour ma part, il s'agit de cahier journal trop succinct, malgrè une préparation solide et bien étayée. Après 10 ans d'enseignement, je n'ai toujours pas consulté de cahier - modèle qui me montrerait enfin un document UTILE. En effet, à quoi bon y consacrer un temps superflu dans la mesure où mon condensé me suffit ? je ne renie aucunement l'importance de la préparation fouillée avec pistes et remédiations possibles mais elles me viennent bien plus facilement en situation que devant ma "page blanche". J'ai également des difficultés pour l'évaluation de mes eleves ( TPS PS)car le dispositif que j'utilisais en cm est devenu caduque !! bien que j'essaie de m'améliorer, il reste très difficile de prendre du temps en classe pour vérifier les acquis des élèves car même en réunissant les conditions qui permettent de se consacrer à un petit groupe, la classe entière étant tout de même sous notre responsabilité, notre attention est trop partagée, et l'évaluation très décousue. Ces deux petits exemples ne représentent qu'un percentile des questions qui me posent encore problème dans ma pratique et ma préparaton quotidiennes. J'ai apprécié en tout cas votre affirmation concernant le serieux et l'implication de mes collègues, car en ces temps difficiles, les propos rassurants concernant nore professionalisme se font rare. Vanessa
Bonjour Vanessa,
Merci pour votre commentaire et pour l'appréciation qu'il contient.
Quelques éléments de réponse accumulés au terme d'environ 700 inspections et 15 ans de « conseil pédagogique ».
Il va de soi que chacun d’entre nous est en capacité d'identifier certains de ses points forts ou faibles. Néanmoins, partant du principe que l'on ne voit que ce que l'on connait, certaines dimensions de nos pratiques nous restent invisibles. Il est donc fréquent, pour ne pas dire quotidien, que l'inspection révèle des dimensions non perçues par les maîtres, qu’elles soient de l’ordre de la relation, de la communication, de la conception ou de la conduite de classe. C’est tout l’intérêt du regard extérieur et décentré dès lors que celui ou celle qui regarde possède l’expertise nécessaire.
Notre métier d’enseignant est un métier à très haute valeur ajoutée. La grande complexité qui le caractérise fait qu’il n’est pas facile d’être au point et au top sur tout, chacun d’entre nous ayant ses points forts et ses points fragiles (l’un est plus à l’aise dans la conceptualisation, l’autre plus à l’aise dans une approche plus intuitive…). Cette complexité tient à la multiplicité des compétences à mobiliser simultanément et à leur haut niveau de difficulté (taxonomie des tâches).
La question de la préparation est un élément fondamental qui conditionne grandement la qualité de ce qui est fait en classe. De mon point de vue, ce n’est pas tant la quantité qui importe que la qualité même si, bien sûr, cette question ne se pose pas de la même façon pour un tout jeune enseignant que pour un enseignant confirmé qui possède moult « ficelles ». Pour être véritablement efficace en classe, chaque maître se doit d’être au clair avec « l’objectif d’apprentissage » qu’il poursuit. De la définition de cet objectif, qui est une partie de la compétence travaillée, dépend le choix approprié d’activités, de tâches et d’exercices qui lui correspondent pleinement. Dans mes constats, c’est à ce niveau que la marge d’évolution est à la fois la plus importante et la plus nécessaire. Pour faire le lien, c’est également de la précision de l’objectif d’apprentissage que dépend la possibilité d’évaluer au sens formatif du terme…
Je reviendrai ultérieurement sur cet aspect de la préparation dans un prochain article ainsi que sur la question de l’évaluation quotidienne.
Didier TABARAUD – LE FER