petites connaissances théoriques sur le langage
Le langage viendrait au petit enfant pour manifester une demande de partage de sens. L’échange permettrait d’être soutenu dans sa capacité à mettre en commun des qualités émotionnelles. A part Maman et Papa, les premiers mots du bébé désignent des sentiments. Les « ça », les « ha », les « pas », les « non », les « voilà », les « encore » indiquent ce que l’enfant éprouve au contact du monde, de sa pensée, et de la pensée de l’autre.
Dans l’acte de pointer, le petit débute sa communication. Plusieurs étapes en résultent .Dans un premier temps, il pointe l’objet qu’il veut montrer, puis il va chercher le regard de sa mère et l’emmène dans la direction de l’objet pointé, et enfin il accompagne son pointage d’un « ça ».
Il élabore ainsi une source d’intérêt commun.
Dans ce geste, il peut faire une demande mais il indique aussi un sentiment d’étonnement pour un objet qui l’interroge, c’est sa curiosité au monde qui s’éveille et pour laquelle il a besoin qu’on lui confirme sa capacité à mettre en lien, à évoquer un souvenir et à savoir que l’autre le partage, il s’agit donc bien d’éprouver sa pensée et la pensée de l’autre.
Le pointage est donc un élément fondateur du langage, puisqu’il faut prêter une pensée à l’autre pour donner du sens au geste.
En pointant, l’enfant demande à l’adulte de faire le récit de leur souvenir partagé.
Lorsqu’il y ajoute le « ça », il désigne n’importe quel objet, tout est « ça », l’étayage de l’adulte va lui permettre de répéter des mots. En répétant, il joue avec des images dans sa tête, des bruits dans ses oreilles et des mouvements dans sa bouche.
Les « voilà », les « pas », les « non », les « encore », les « apu » …… disent tous comment l’enfant ressent le monde et ses changements, ses propres représentations confrontées à celles de son interlocuteur.
Les onomatopées telles que « broum broum » vont être , après avoir été des paroles d’échange dans le jeu avec l’adulte, les premières paroles à soi-même.
Dans cette évolution du langage, l’onomatopée est une étape décisive. Plusieurs moments la caractérisent. En premier lieu, le « broum broum » désigne une seule petite voiture utilisée rituellement dans un jeu, puis dans un deuxième temps, une généralisation s’opère et tous les véhicules ou objets permettant de rouler sont affectés au « broum broum ».Cette capacité à généraliser est un tournant important dans ce processus de construction du langage, car « broum broum » n’est plus l’expression d’un ressenti ( Je veux jouer avec cette voiture ) mais devient un signifiant .
Arrivent ensuite les différentes déclinaisons de « broum broum », selon l’intonation l’enfant donne un ordre( broum broum !), s’interroge ( broum broum ?), dés lors,il entre par ce procédé dans la construction grammaticale.
Progressivement , l’enfant effectue des classements,des comparaisons ( pareil ; pas pareil) et c’est à partir de cette période qu’il prend plaisir à répéter. De ce fait, son vocabulaire explose et par conséquent arrivent les énoncés à deux mots. L’enfant les construit par ordre de priorité, il met en premier ce qui est au cœur de ses préoccupations ( ex : moi mange, doudou parti). A partir de deux mots, il lui reste encore des acquisitions essentielles ( l’utilisation du je, la mise en place du récit, la constitution d’un lexique mental …), cependant de grandes étapes ont été franchies .
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Cette approche schématique des premières étapes de la construction du langage ébauche une représentation nécessaire pour toute personne amenée à aider à cette structuration langagière.
Cette synthèse s’appuie sur le livre de Laurent Danon-Boileau « Des enfants sans langage » dont la lecture peut sembler ardue mais qui vaut de s’y pencher pour avoir un éclairage supérieur dans la compréhension des grandes difficultés à parler de certains enfants.