apprendre à dialoguer entre eux , mais comment ?
Enseigner l’oral à l’école maternelle est la priorité des priorités, elle représente l’axe majeur de tout enseignant en petite section, voici ce qui est écrit sur le papier, est-ce si facile à mettre en place et comment malgré les bonnes intentions, les enseignants peinent à trouver la réalité de cet objectif ?
Notre dominante d’activité pour la période est « Devenir Elève » et la compétence « apprendre à dialoguer entre eux » se situe à la deuxième place des items du vivre ensemble.
Nous avons donc la responsabilité de créer des situations qui vont favoriser l’acquisition de cette compétence, est- ce si aisé de faire dialoguer entre eux des élèves de 3 ans voire moins et quelles pratiques correspondent à celle-ci ?
Bien entendu, les enfants le font déjà sans nous à l’occasion de jeux spontanés en classe ou en récréation ,d’échanges dans le couloir au moment de l’habillage, en allant se coucher ou manger, durant le repas …. Alors pourquoi faudrait-il que nous nous en préoccupions ? Et quelle est donc cette différence entre la conversation spontanée et le dialogue au sein de la classe dans un cadre pédagogique ?
Cette question à laquelle tout le monde pense avoir la réponse est pourtant cruciale, l’usage de la langue , le langage comme objet d’apprentissage peine à trouver la place qui lui est réservée dans les classes parce qu’il est difficile de penser qu’une chose aussi naturelle que parler devrait être transformée en situation d’apprentissage. Le plus souvent, il suffit de se dire : les enfants ensemble dans une classe se parlent, il y a ce fameux bain de langage, je leur parle, ils discutent entre eux pendant les activités , voilà c’est bon, je permets le langage.
Evidemment la pratique de l’écrit occupe une large place et il n’est pas encore arrivé le jour où l’oral détrônera l’écrit à l’école parce que la trace qu’il laisse est bien plus rassurante pour l’enseignant et pour les parents qui ont besoin de « voir ». Voici donc pourquoi l’enseignement de l’oral est si difficilement pris en compte malgré les bonnes volontés et l’assurance de son importance. Il n’est pas identifiable, il ne laisse aucune trace , il s’envole au fur et à mesure, l’inefficacité en matière langagière ne se voit pas. Il faut donc toute la volonté de ses convictions pour se lancer dans la recherche de situations pédagogiques qui produiront des paroles, rien que des paroles.
« Dialoguer entre eux », voyons à quoi ça peut ressembler si on retire toutes les situations spontanées évoquées plus haut. Bien évidemment le regroupement ( y compris en EPS)se place en tête des situations pédagogiques parce qu’à vrai dire, il n’y en a pas d’autres la plupart du temps. L’intérêt du regroupement est qu’il permet d’apprendre un des aspects du langage absolument indispensable dans la communication et qui est visé dans la compétence « apprendre à dialoguer entre eux » , c’est l’écoute de l’autre, effectivement, si je n’écoute pas mon interlocuteur, je ne vais pas pouvoir lui répondre, il favorise également la prise de parole en prenant sa place dans les échanges et en se sentant appartenir au groupe. Mais il n’incite pas efficacement le dialogue entre pairs parce que c’est un système de communication centralisé autour de l’enseignant.
Le défi pédagogique est donc d’inventer une façon de favoriser les dialogues entre eux.
Je vous propose de commencer à travailler sur le sourire parce que ce mode d’expression correspond à la communication non verbale que chacun d’eux a utilisée dans leur premier rapport aux autres, d’abord avec Maman puis ensuite avec l’entourage proche. Il s’agit d’amorcer le travail sur l’oral en utilisant une manière d’aller vers l’autre pour mieux se connaitre et se reconnaitre.
Les photos qui seront prises durant l’activité « sourire » ( cf préparation semaine 2) vont devenir des supports pour parler avec l’enseignant au cours de l’atelier langage (l’album langage), cette activité se fait en petit groupe et ce dernier est d’abord invité à regarder les photos ensemble et à converser à propos de celles-ci.
Du fait du nombre restreint d’élèves, chacun peut devenir un participant actif et réagir plus directement aux échanges, l’enseignant peut alors se fixer l’ objectif de leur apprendre à dialoguer entre eux en utilisant la technique du feed-back ( simplement répéter ce qui vient d’être dit pour relancer l’élève qui a parlé mais également pour faire réagir un autre élève du petit groupe) ou alors poser des questions ouvertes qui guident la discussion. Cette situation pédagogique se répète tout au long de l’année et peut réellement prétendre atteindre la participation active de TOUS les élèves à la conversation scolaire. Je rappelle que cette condition est un facteur important de la réussite ultérieure.
Assurément, les traces de ces échanges n’existent pas, seules celles de l’élève parlant sur son album langage avec l’enseignant attestent d’un travail à l’oral mais cette situation pédagogique construite s’appuie sur le grand appétit de communication (préverbale puis verbale) qu’ont les enfants et leur permet de l’assouvir dans un cadre rassurant et incitateur.
Cette situation peut être transposée, cependant il faut savoir que lors d’une activité où une tâche est demandée, l’élève a des difficultés à se concentrer sur son travail et participera de manière plus faible à la conversation que lors d’échanges tels que je les décris.
Effectivement, l’élève qui construit son langage a besoin d'être uniquement attentif à sa production langagière, c’est pourquoi l’atelier langage n’a qu’un seul but : PARLER.