écrire un livre en petite section: quelles contraintes ? dans la série Je recycle
Pour tous les nouveaux lecteurs et afin de situer plus facilement les articles concernant le projet d'écriture d'un livre avec les élèves, je propose de redonner chaque semaine un de mes écrits.
Rappel : Au cours du dernier trimestre de l’année de petite section, l’activité dominante est « S’approprier le langage et découvrir l’écrit» et l’objectif est l’apprentissage du langage d’évocation. Pour cela, le groupe classe va écrire un livre de récits de vie à partir de l’échange de la marionnette.
Ecrire un livre :voilà une ambition qui ne doit pas effrayer, certes , l’élève de petite section ne maîtrise pas encore le langage de manière académique et pour certains , c’est un défi majeur que de construire une seule phrase, cependant, mon expérience me permet de dire que cela est réalisable. Il faut tenir compte de certaines contraintes et fixer un cadre contenant pour la mise en confiance des élèves.
Il ne suffit pas de parler encore faut-il avoir quelque chose à dire ! Effectivement, une des contraintes de ce type d’exercice est de donner à l’élève des pistes de récit afin qu’il construise son propre scénario et qu’il ne se trouve pas confronté à un vide imaginaire en revenant à l’école. Ainsi , un contrat d’accueil est établi collectivement qui va donner des contraintes afin de rendre la situation plus riche en terme de récit. Chaque année, les élèves décident des règles d’accueil ,(exemple année 2006 : 1. faire un super lit à Dalma, 2. le prendre en photo, 3. lui apprendre à faire quelque chose ,4. écrire ou dessiner dans le carnet de voyage). Ces règles ont pour objectif d’inciter la variété des expériences, ainsi lorsque Dalma a appris à « sauter en parachute »( eh oui, c’est arrivé), il faut lui apprendre autre chose. Le super lit est forcément différent d’une maison à l’autre…..
Le carnet de voyage est un autre élément du cadre contenant. Il s’agit d’un petit carnet qui suit la marionnette et dans lequel l’élève aidé de sa famille dessine, écrit pour faire un « résumé » de son récit. Ainsi, l’entraînement lié à la nécessité de remplir le carnet de voyage lui donne la possibilité de parler une première fois de son aventure, de la construire mentalement et de s’exercer à la dire. Puis devant le groupe, au moment du récit, il s’aide de son carnet pour faire appel à sa mémoire (si importante dans le langage d’évocation).
Enfin , un autre vecteur de l’imaginaire des élèves les aide à créer un récit, c’est la valise de Dalma. Effectivement, celui-ci part « en voyage » et il emmène avec lui : son pyjama, sa brosse à dents, son doudou, son livre préféré et le carnet de voyage.
Une autre contrainte majeure liée à l’écriture d’un livre en petite section est la dictée à l’adulte incontournable dans la mesure où seul l’adulte sait écrire. Il va donc falloir mettre en place des conditions favorables à la prise de notes durant le récit de l’élève. C’est aussi pourquoi ce genre de projet est plus facile en fin d’année qu’en début, quant à la capacité d’attention du groupe. Les règles doivent être clairement énoncées : quand un enfant fait son récit, les autres élèves ne peuvent intervenir, ils sont en situation d’auditeurs, à la fin du récit , une séance de questions est organisée afin de les laisser s’exprimer et réagir. Il est important que l’élève voit l’enseignant écrire son récit puis le lire ( à la fin de la séance, l’élève valide son récit qui est lu par l’enseignant). Par ailleurs, le rôle de l’enseignant se situe dans le respect du récitant en gérant les comportements des interlocuteurs mais il ne confisque pas la parole et se trouve au même titre que les autres élèves un auditeur du récitant.