la peinture en classe
Sur ce blog , je développe une démarche en arts plastiques qui s’inspire exclusivement d’artistes.
J’ai déjà écrit dans certaines des préparations qu’il était aussi important de laisser les élèves explorer, faire, inventer à leur convenance et que la peinture « libre » est aussi importante à mes yeux que la peinture en inspiration d’artistes ainsi que le dessin « libre » ( voir période 2 2011-2012).
Notre période 2 consacrée au domaine Percevoir, sentir, imaginer, créer est propice à rappeler cette conviction.
La peinture en libre accès devrait pouvoir être progressivement envisagée dans une classe de petite section. Pour l’avoir expérimentée durant toute ma carrière en maternelle, cette activité répond à un besoin ( organique) des élèves et toutes les préparations proposées dans ce blog ne laissent pas suffisamment apparaitre l’importance de la place à lui accorder. Je l’ai fait dans les deux premières années du blog et par souci de vous laisser libres d’organiser vos ateliers dits autonomes mais aussi par gain de temps pour moi, j’ai négligé de rappeler que cette activité devait être proposée le plus souvent possible.
Les arguments avancés qui vont à l’encontre d’une telle organisation sont l’âge des élèves, le souci de propreté, la préparation matérielle, le manque d’autonomie, le désir de faire une « belle peinture » ( selon les critères des adultes)….. Je les balaie tous d’un grand revers de main et j’assure à tous ceux qui les utilisent qu’ils se trompent complètement, qu’ils passent à côté d’une activité extrêmement importante pour leurs élèves, qu’ils ne connaissent pas combien cette activité autonome aident leurs élèves dans leurs apprentissages « dirigés », qu’ils négligent une phase importante de leur travail c'est-à-dire celle du réinvestissement, effectivement tout le travail autour des artistes nourrit leur imaginaire et leur technique, il est donc incontournable d’observer comment ils se réapproprient tout ce qu’ils ont acquis. Il est nécessaire pour eux d’être soumis à leur imaginaire, qu’ils osent se lancer dans le simple plaisir de créer, de recommencer encore et encore autant de fois qu’ils veulent le même barbouillage et qu’ils puissent le reprendre si telle est leur volonté, de ne pas se conformer au désir des adultes parce qu’aucune consigne n’est donnée et qu’aucun jugement ne vient sous-entendre une attente , qu’ils aient toute la liberté pour que la trace émane de leur être sans aucune autre contrainte. L’attitude qui découle de cette démarche est créatrice, elle prépare donc la personne à la positivité, cette qualité offre aux élèves la possibilité de chercher en eux les ressources qui vont les aider à répondre à leur curiosité de la vie et à leur manière de l’affronter. C’est donc éminemment important de leur offrir cet espace de création.
Concernant les contraintes matérielles ( tout comme les ateliers autonomes dont nous faisons l’écho depuis Muriel) il s’agit d’établir des règles claires de fonctionnement, de responsabiliser les élèves, de chercher tous les moyens pratiques pour faciliter leur autonomie, de leur faire confiance, de ne pas « attendre » un résultat , ce n’est pas ça qui compte mais plutôt tout ce qui se passe chez l’élève dans ce type d’activité. Alors bien entendu, il n’est pas question d’évaluation, mais par contre il est question d’observation ( il faut de temps en temps s’en donner le temps), certains vont recouvrir une production qui semblait aboutie ( encore les critères des adultes !), il est intéressant de l’observer mais il ne sera pas question de l’ empêcher puisqu’il y aurait alors jugement de valeur, donc attente et pour que les élèves se révèlent complètement dans leur création il est nécessaire qu’ils n’aient plus ces injonctions scolaires.
Alors que dire encore pour convaincre de s' y lancer ceux qui craignent de ne pas maîtriser un tel atelier, d’abord et avant tout que vous passez à côté de moments fabuleux, les petits sont tout à fait capables de mettre leur blouse en s’entraidant, qu’ils sont tout à fait capables de prendre et déplacer leurs pots de peinture, qu’ils sont tout à fait capables de changer de feuille si l’organisation a été pensée, qu’ils sont tout à fait capables de rester très longtemps sur leur peinture en silence, c’est la deuxième activité avec l’atelier eau qui permet un véritable apaisement. J’avais parfois jusqu’à 7 petits qui peignaient en même temps sans que je ne m’en occupe ni mon atsem et l’atelier tournait sans difficulté, il y avait un tel plaisir , une telle concentration, un tel sérieux parfois que j’avais le sentiment de vivre de grands moments d’école, ensuite notre objectif vise l’autonomie de nos élèves , autonomie dans leurs apprentissages, autonomie dans leur choix, autonomie dans l’expression de ce qu’ils sont, si nous ne les confrontons pas à ces moments de « liberté » comment pourront-ils construire celle-ci ?
Comme pour la réflexion autour du jeu ( que nous avons eue à la précédente période), il est important d'offrir un équilibre entre activités dirigées et libres.
Exprimez vos craintes, vos réticences, ou bien votre expérience , mais parlons-en, c’est le moment !