Le dessin de la famille à la rentrée

Rentree famille separation
L’arrivée à l’école du petit enfant ne s’inscrit pas dans une continuité de sa vie mais représente bien une rupture qu’il va devoir apprendre à surmonter. Il en a déjà vécues quelques unes ( naissance, nourrice , crèche, garde de la famille), il a connu l’absence et a dû trouver du réconfort en lui-même ( succion), auprès d’une autre personne ( bercement, parole, nourriture) mais rien ni personne ne peut égaler la présence affective de ses parents. C’est pourquoi en l’aidant à vivre et à apprendre comment dépasser cette absence, l’enseignant s’engage dans un chemin dont il doit mesurer l’enjeu.
L’enjeu est l’autonomie, celle dont tout être a besoin pour s’épanouir dans la liberté qu’il sait utiliser et dans la conquête de sa propre vie, celle qu’il se sera choisie en ayant les moyens de faire ce choix.
Il m’apparait essentiel de préparer avec souci cette séparation.
Chaque année, pour le jour de la rentrée, je propose qu’il soit fait le dessin de la famille ( semaine 1).
Chaque famille venue accompagner son petit pour la rentrée est invitée à dessiner les membres qui la composent.
Cet acte est , selon moi, un moment important de cette entrée à l’école. Il est symbolique et chargé d’affectif.
L’enfant qui arrive entouré des siens a besoin de continuité, c’est un besoin important du petit enfant, il se construit et toute rupture remet en cause son identité. A travers ce passage de dessin, les parents lui donnent le lien qui le maintient symboliquement à eux ( quelque soit l’endroit où tu te trouves, ta famille reste la même et tu appartiens à cette famille ), au moment où l’enfant se sent vulnérable parce qu’il se confronte à la solitude de la séparation, il reçoit un message d’union et de force, il reçoit l’image de son identité, il reçoit l’amour parce que le dessin de la famille c’est aussi la preuve de l’amour qui a engendré l’enfant, il reçoit un moyen de supporter l’absence ( ce n’est pas moi Maman en vrai mais c’est un peu moi parce que c’est mon dessin). Cette expérience est marquante et doit permettre à l’enfant d’intérioriser que la séparation n’est pas la disparition et l’anéantissement mais qu’elle est un passage qu’il ne fait pas seul, ses parents bien qu’absents sont présents d’une autre manière. C’est cette autre manière qu’il va apprendre à accepter pour mieux surmonter les prochaines ruptures.
Il est donc important de soigner ce moment , le dessin doit être fait en présence de l’enfant ,il a besoin de voir son parent faire naître la famille sur la feuille, il a besoin de recevoir le dessin en main propre, il a besoin de pouvoir le retrouver facilement, il a besoin que l’enseignant le fasse parler de son dessin pour qu’à partir des simples traits, il mette ses mots pour faire vivre Maman, Papa…..
Tous ces petits détails si anodins sont les petites pierres qui construisent son chemin vers l’autonomie.
Je crois aux petits riens qui marquent la vie, et si beaucoup pensent que plus vite la rupture sera faite et plus vite l’enfant n’y pensera plus, qu’ils se détrompent, ces moments mal vécus peuvent empoisonner une vie entière. Certains auront en eux la force de trouver comment apaiser ces mauvais souvenirs mais d’autres n’y parviendront pas et souffriront, malheureusement personne ne peut prédire qui a la force ou qui a la faiblesse.
A retrouver :
rentrée et accueil des familles