le temps 2: temps perdu
Poursuivons notre série sur le temps , après avoir abordé l’idée de choix indispensable et nécessaire pour savoir exploiter le temps dans l’organisation de sa classe, je vous propose de partir à la chasse au temps perdu.
Difficile d’évaluer ce qu’est le temps perdu, on sait très bien qu’avec les petits certains moments nous semblent très longs ( un enfant qui tente de s’habiller tout seul par exemple) et nous aurions la furieuse envie de voir abréger cet interminable effort. Ce type de temps n’est pas perdu, il y a un apprentissage en jeu et le futur nous montrera que nous avons gagné du temps puisqu’il acquiert l’autonomie qui dégage notre indispensable présence.
Alors y –a-t-il du temps perdu en classe avec nos petits qui sont à chaque instant dans l’expérience du monde ?
On pourrait répondre que non en extrapolant et en estimant que la vie ensemble est une source inestimable d’initiation.
Cependant, il me semble que tous les moments où les élèves se retrouvent en situation d’attente sont pour moi du temps à récupérer, et qu’il est préférable de privilégier l’action le plus possible. C’est d’ailleurs une des façons de créer un bon climat et d’éviter les cris, les transgressions et les bagarres.
Si , vous réfléchissez aux moments où les élèves vous posent le plus de problèmes, vous arriverez certainement au constat suivant : dés qu’ils se retrouvent en situation de passivité.
Mettons de côté les perturbateurs qui ont besoin d’une attention particulière et qui vont chercher par tous les moyens à accaparer l’attention de l’enseignant, et prenons le groupe classe, il est indiscutable que les passages aux toilettes, les moments d’habillage, les regroupements trop longs, les attentes de passage aux ateliers d’EPS, les coins jeux qui durent, les récréations qui durent, les temps de collation pour ceux qui ne goûtent pas … sont des temps à haut potentiel d’agitation et sont aussi des temps où les apprentissages ne sont pas effectifs.
Que faire ?
A nouveau, il faut faire des choix et s’interroger sur le bien-fondé de chaque moment. Celles et ceux qui me suivent ont pu lire certaines de mes prises de positions, notamment contre la collation en milieu de matinée qui coupe et immobilise le groupe avec un fort sentiment de temps perdu et ceci sans que des études aient montré que cette restauration était indispensable à la bonne santé de nos petits.
De même, je ne suis pas favorable aux passages collectifs aux toilettes dés lors que les locaux le permettent ( proximité classe-sanitaires). Si cela n’est pas possible autrement, ce temps de passage peut être utilisé à l’apprentissage de chants,comptines afin de créer une activité pour ceux qui n’ont rien à y faire.
L’accueil du matin est modulable et peut au fil de l’année se raccourcir pour entrer plus rapidement dans les activités.
Les regroupements sont des temps de vivre ensemble , leur durée doit correspondre à la capacité d’attention d’un petit, dés lors que celle-ci est dépassée, il ne sert plus à rien de vouloir poursuivre et le temps perdu à reprendre les élèves, à faire le « gendarme » peut être utilisé aux ateliers où l’élève va trouver tout le plaisir d’apprendre ; alors qu’assis sur son banc , déconnecté de ce qui se dit, il pense que l’école c’est vraiment ennuyeux.
Les ateliers EPS doivent être conçus de manière à privilégier l’action, il est intéressant de mesurer l’activité réelle des élèves, c'est-à-dire quand leur corps est en mouvement , si celle-ci est inférieure au temps de discussion ou attente , il faut revoir sa préparation.
De même, on connaît l’importance du jeu et il n’est pas question de priver les élèves de ces moments si constructifs mais si le temps consacré à jouer est prépondérant, il y a un déséquilibre qui se crée et devient source de problème. Une juste mesure est à trouver, j’ai toujours constaté que la régulation se fait d’elle-même si les activités d’apprentissage proposées sont motivantes et diversifiées.
C’est à chacun de lister sa journée et de voir quels moments sont perdus et comment organiser ce temps autrement. Cette démarche a non seulement comme vertu un gain de temps mais elle permet aussi de régler des problèmes de discipline souvent inhérents aux situations inadaptées.
Le prochain article traitera de la conception de son emploi du temps et de l’organisation matérielle.