le temps 4: apprentissage de l'attente et de l'autonomie

Publié le par isa

Dans l’article consacré au temps perdu, je pointe les temps d’attente à réduire pour éviter l’agitation, l’énervement et la désorganisation du groupe. Cela ne veut pas dire que les élèves ne sont jamais confrontés à l’attente et qu’ils n’ont pas à apprendre ce mécanisme d’adaptation. Il est même fondamental dans le développement de la personne. Cependant, l’enseignant ajuste les activités en fonction de la capacité d’attendre de ses élèves, et recherche à augmenter celle-ci de manière progressive.

 

Dans un premier temps, il explique la distinction entre la maison et l’école afin que les élèves comprennent que les habitudes personnelles doivent être revues en tenant compte du groupe et de ses contraintes : 

«  Ici , c’est l’école, ce n’est pas la maison. Nous sommes beaucoup, nous faisons ensemble et nous devons attendre tout le monde, cela s’apprend et je vais vous aider ».

 

Ensuite, il va introduire un exercice d’attente adapté aux petits mais qui leur indique qu’il faut savoir être là sans rien faire dans un moment de pause en se respectant, c’est l’apprentissage du « grand silence ».

« Nous allons faire un grand silence pour apprendre à ne plus faire de bruit et à attendre ensemble »

MON grand silence consistait à faire tourner les mains qui dessinaient un rond ( la main droite part à droite, la main gauche part à gauche ) puis elles se rejoignaient et se croisaient pour venir se poser devant la bouche.

Evidemment , les premiers temps ce petit exercice est de l’ordre de 10 secondes, puis on tente un peu plus longtemps en fonction toujours de la capacité observée.

 

 

Dans l’apprentissage de l’attente, il y a un objet très utile qui est l’horloge, les élèves n’ont pas conscience du temps et les repères donnés facilitent leur capacité à attendre. On voit bien les premiers jours que le désespoir de certains est  dû à cette incapacité à  projeter  le retour de leur maman, le temps est insupportable. Dés lors qu’on installe des repères temporels tels que les photos de la journée, on constate des améliorations de comportements. Ainsi l’horloge et ses aiguilles vont aider à visualiser l’attente.

J’avais pour habitude d’utiliser des gommettes comme repères.

« Dés que l’aiguille rouge qui tourne vite arrivera à la gommette, il sera l’heure de sortir »

Progressivement, on met des repères plus longs, il faut suivre telle aiguille ( la petite ou la grande). Les élèves acceptent d’autant mieux qu’ils peuvent vérifier eux-mêmes le temps écoulé.

 

Petit à petit, l’enseignant introduit des moments d’attente de plus en plus longs et principalement ce qui touche aux jours, par exemple en période de Noël, chaque jour, chacun aura un petit sac de chocolats à condition qu’il soit tiré au sort. Au début de cette proposition, il n’est pas rare de voir des enfants extrêmement contrariés d’avoir à attendre, c’est l’occasion de leur rappeler qu’attendre est le signe qu’on grandit.

«  Savoir attendre, c’est grandir , quand on est bébé et qu’on a faim , Maman donne à manger car on ne sait pas attendre, et puis ensuite on mange avec tout le monde, on attend le moment de manger, on accepte d’attendre, on est capable. Plus on grandit et plus on sait le faire. »

 

En règle générale, dés qu’on explique aux élèves pourquoi il faut attendre, ils ont un meilleur comportement parce qu’on leur donne des repères, et qu’ils comprennent que cela ne va pas durer.

« Il faut attendre un peu car il y a une autre classe dans la salle de sport et ils n’ont pas fini leur séance. Nous irons dans la salle dés qu’elle sera vide , c'est-à-dire dans quelques minutes ».

 

Pendant ces moments parfois non prévus et qui perturbent l’organisation , l’enseignant a des stratégies d’attente :

«  Nous allons répéter notre poèsie pour les mamans »

« Et si nous imaginions que nous étions des grandes personnes qui attendent dans une salle d’attente, on aurait des magazines à lire, on parlerait avec notre voisin, on dormirait … » et pour chaque proposition , le groupe mime la scène ….

«  On écoute si on entend les copains de la classe d’à côté et on essaie de trouver ce qu’ils font »

« On s’entraîne à compter jusqu’à 10 »

« On fait une belle farandole »

« On fait comme si on n’était pas là, il ne faut pas que les copains nous entendent, on va les surprendre »

« On fait de la relaxation »

…..

 

Notre imagination nous aide à être inventifs et à anticiper ce genre de situation.

 

Mais l’apprentissage de l’attente passe aussi par le développement de l’autonomie, plus l’enseignant va donner à ses élèves les moyens de se responsabiliser moins il aura de difficultés dans l’organisation de sa classe.

 

L’autonomie pour un petit doit  être adaptée à ses capacités, il n’est pas question de ne pas s’occuper de ses élèves sous prétexte qu’ils doivent être autonomes.

 

Mais progressivement, certaines choses doivent se faire sans passer par l’enseignant.

 

Il y a l’autonomie matérielle :

Mettre son manteau seul, sa blouse de peinture avec l’ aide d’un pair, installer ce dont on a besoin pour travailler, ranger son travail, ranger son matériel,ce qu’on a utilisé, donc savoir où ranger .. ; pour cela , l’enseignant peut faire des séances où on apprend à ranger, à mettre sa blouse …..

 

Il y a l’autonomie d’organisation :

 

Les élèves apprennent à aller seuls à leur atelier grâce au repère de leur carte de présence plutôt que d’attendre que l’enseignant les appellent un par un.

 

Les élèves apprennent à coller leur étiquette prénom sur leur travail pour l’apprentissage de la reconnaissance de leur prénom mais aussi pour décharger l’enseignant d’une tâche contraignante et répétitive.

 

Les élèves apprennent à observer la fiche de travail ou le matériel à leur disposition et à chercher à comprendre ce qu’ils ont à faire, ils attendent la venue de l’enseignant qui va avec eux expliquer la tâche et son but.

 

Les élèves apprennent à s’entraider et évitent ainsi de solliciter de manière systématique l’enseignant occupé avec un groupe.

 

 

En ayant à l’esprit cet apprentissage, l’enseignant favorise une harmonie de classe et de bonnes conditions de travail. Il lui faut beaucoup de patience et c’est pourquoi le prochain article de cette série consacrée au temps examinera la place de l’enseignant dans les difficultés à gérer le temps et sa capacité à organiser sa présence auprès des élèves.

 


 

 

 

 

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Publié dans rentrée scolaire

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A
<br /> <br /> Merci pour cet article et pour toutes ces réflexions qui nous aident à questionner notre pratique<br /> <br /> <br /> A mon tour : pourquoi toujours parler des "mamans" ? Sont-elles les seules importantes dans le quotidien des enfants (en tout cas c'est ce que nous renvoyons à nos élèves avec la sacro-sainte<br /> formule de "l'heure des mamans")<br /> <br /> <br /> Pour ma part j'ai opté depuis plusieurs années pour la formule les "papas-mamans" (plus affective que "les parents") dans ma classe de TPS PS<br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> <br />
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I
Effectivement c'est symbolique , et que majoritairement les mamans sont présentes. Cela fait la balance avec l'emploi du masculin prioritaire .
A
<br /> <br /> C'est passionnant !   <br /> <br /> <br /> Puis-je citer votre article dans mon blog?<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> Avec plaisir.Et merci de m'en faire la demande.<br /> <br /> <br /> <br />