Apprendre en imitant chez Gaëlle B

Publié le par isa

Voici un partage de ma vision de maîtresse. Je ne sais pas quelle place peut - elle prendre sur ton blog.

Mais les mots me sont venus alors peut être feront-ils fleurir des idées , des réflexions , des envies chez certains.

ILs sont venus en brouillon, peut être pour rien, peut être juste pour moi. BREF ils sont venus.

Petit bilan de ma vie professionnelle avec des mots comme COOPERATION, PARTAGE, VIVRE ENSEMBLE, INTELLIGENCES MULTIPLES, BIENVEILLANCE.

 

TU ES DONC ..... JE « SUIS »
tu es donc nous sommes une classe.

Ou l'apprentissage par imitation au service du groupe classe.

Au fil des années scolaires et avec ma formation à l'IUFM, je me suis petit à petit élaboré une façon de voir la pratique de la classe... afin que chaque élève trouve sa place et grandisse, afin que chaque élève apprenne à devenir un adulte confiant de ce qu'il entreprend et surtout à devenir un citoyen qui trouve sa place dans la société.

Je me suis aperçue que les élèves suivant d'autres pouvaient avancer bien plus facilement et plus rapidement que seul. Suivre un camarade est devenu un atout plutôt qu'une erreur .

1. APPRENDRE PAR IMITATION :
Pour arriver à n'importe quel niveau de classe à faire que les élèves acceptent cette façon de faire classe, il ne faut pas avoir peur de prendre le temps pour installer un certain climat de classe. Si les élèves ne sont pas capables de comprendre votre attente, il n'est pas possible d'avancer.

Les bases du climat de classe que les élèves doivent accepter et intégrer sont liées au statut de la copie et au droit à l'erreur.... et donc liées à la confiance en soi.

A) Il faut déconstruire le statut de l'erreur et de la copie.
Souvent les élèves n'acceptaient pas que leur voisin copie sur eux. Il m'a fallu du temps pour leur faire accepter que cela était possible à certains moments.
Une fois que les copieurs étaient bien vus par les copiés, il a fallu leur montrer que copier est possible mais que se tromper aussi.
On peut copier pour se rassurer mais il faut se demander si ce qu'on copie est juste ... et donc réfléchir, faire le tri dans les informations observées chez le voisin.

Alors voici deux phrases importantes à intégrer pour le début :
- « je peux faire comme toi .» Car c'est un moyen naturel d'apprendre. Les animaux apprennent en imitant leurs pairs.
- « Je peux me tromper. » C'est en essayant , en tatonnant que l'on progresse , seul ET surtout à plusieurs .

Ainsi il est nécessaire de penser des moments de classe où les élèves se retrouvent obliger de faire comme l'autre, où faire comme son voisin est le seul moyen d'avancer. C'est comme cela que les élèves acceptent d'être le « copié » et le « copieur ».

B) Accepter d'être copier.
Il est nécessaire de valoriser le statut de modèle, de valoriser les points forts de chacun. Permettre à chacun de le vivre tout en intégrant que cela ne veut pas dire qu'on est le plus fort et que l'autre est nul.
On a tous un point fort, un moment où on sait « mieux » que les autres, en fait où on sait avant les autres. L'enseignant en variant les façons de présenter une notion va favoriser une intelligence plus qu'une autre et donc un type d'élève plutôt qu'un autre.

C) Accepter que ne pas savoir est normal, alors qu'un autre le sait.
Il est forcément obligatoire de travailler la confiance en soi et surtout en l'autre.
Cela oblige l'enseignant à former un climat propice aux échanges afin de créer rapidement le groupe classe.
De plus l'enseignant doit travailler l'estime de soi et permettre à chaque élève d'avoir confiance en lui et de se sentir en sécurité avec l'enseignant.

2. LA PREPARTION DE CLASSE.

Durant la première période, il est obligatoire d'installer un climat particulier avec des règles claires et incontournables.
Ce n'est qu'une fois le climat installé que le travail peut se mettre en place.
Il est nécessaire à l'enseignant d'avoir préparer sa classe afin d'être disponible pour maintenir un climat propice aux apprentissages.

Il faut clairement énoncer les règles et varier les façons d'apprendre.
Là c'est un temps où l'on apprend donc on peut se permettre de travailler seul, à plusieurs et en copiant.
Par contre maintenant, l'enseignant veut savoir ce que j'ai retenu , donc c'est un moment où je montre ce que je sais . Je montre où j'en suis sur la notion travaillée, les progrès parcourus.... mais je n'oublie pas que je montre à moi- même aussi le chemin parcouru. Les progrès seront présents car j'ai su puiser dans chaque situation pour apprendre : seul, à plusieurs et aussi en regardant ce que mon voisin a fait.
Il est obligatoire de faire comprendre aux élèves les deux temps. Cela fait partie du contrat à respecter pour continuer de pouvoir copier sur le voisin lorsqu'on est en train d'appprendre.
A un moment je dois savoir que je ne peux pas regarder sur lui mais que je dois faire seul pour savoir où j'en suis.

3. UN LACHER PRISE EST NECESSAIRE... Autant pour l'enseignant que pour les élèves.

Il faut un climat , un contrat de confiance clairement établi et sans faille pour avancer tous ensemble.

A) Les élèves doivent avoir confiance au groupe classe. On est tous ensemble et on va arriver à avancer ensemble grâce au groupe.
Ce sont les limites posées par l'enseignant qui permettront à chaque élève de se sentir bien dans le groupe. On ne parle pas d'être tous amis et tout est rose .

On est là tous ensemble pour apprendre.
J'ai vu des années des enfants, sans affinité amicale, savoir faire la part des choses. Ils étaient là en classe pour travailler ensemble. Alors qu'en récréation ils n'étaient pas « amis » et même pouvaient se disputer souvent. Il n'y avait rien de magique. Ils avaient envie d'avancer grâce au camarade qui pouvait lui apporter une chose : le petit plus pour y arriver.

B) l'enseignant est aussi un modèle. Il faut savoir se prêter au jeu pour créer la confiance. En montrant comment être modèle, on incite l'élève à être le « copié ».
Il faut aussi se montrer comme un copieur. Il faut saisir les occasions pour copier un élève afin de montrer comment copier.

C) Il faut aussi que l'enseignant s'accorde de « perdre du temps » sur les notions pour en gagner par la suite.
Suivre les programmes à la lettre peut créer un frein au climat. La pression des programmes est telle qu'on ne s'accorde pas assez de temps avec les élèves.

Un jour un inspecteur m'a dit « il faut savoir lire les programmes. »
Il faut faire le tri dans ce flot d'informations, d'obligations.
Savoir lire les programmes ne veut pas dire ne pas les respecter mais savoir lire une attente ministérielle en fonction de sa classe.
C'est connaître chaque élève pour leur permettre d'avancer dans les compétences attendues.
Pour une notion, il faut que chaque élève avance selon ses capacités.

4. LA MISE EN PLACE EN CLASSE.
Je me permets d'être vague dans les exemples choisis car je ne suis en rien un modèle car je veux bien être copiée mais c'est à vous de réfléchir. Et nous pouvons réfléchir ensemble. Moi aussi j'ai copié et je copie encore !

A) En période 1, comme beaucoup de collègues, j'installe un climat de classe basé sur des règles de vie ensemble. Pour résumer un peu rapidement voilà le discours.
« Pour que nous soyons bien en classe voici les limites , les droits. C'est un contrat que nous passons ensemble. Je suis là pour tous et chacun a le droit d'avoir maîtresse pour lui tout seul une fois dans la journée. Mais pour cela, il me faut du calme, des élèves patients. Donc je vais avoir besoin d'aide, chacun doit être là pour l'autre si je ne peux pas. Chacun doit savoir se débrouiller pour apprendre parfois seul ou sinon il y a le voisin. » Puis vient le temps de la pratique de ces règles au quotidien.

« Je suis un parmi la classe et j'ai besoin de toi pour avancer. »
Par contre, il faut aussi être patient. Certaines années, le groupe classe a mis beaucoup de temps avant de s'installler. Il faut attendre avant de mettre les ateliers en place. Les règles et le cadre de confiance respectés alors vous pouvez commencer les ateliers.

B) Les ateliers.
Il faut faire comprendre aux élèves que le calme est nécessaire au bon fonctionnement.
Les élèves doivent comprendre que tout le monde ne va pas faire la même chose en même temps. Et il faut que l'enseignant accepte que ses élèves ne vont pas faire la même chose en même temps.
Mais une fois que le cap est passé, les groupes progressent dans les apprentissages. Et chacun à leur rythme.

Faire plusieurs groupes demande à l'enseignant d'avoir bien ciblé les objectifs à atteindre pour chacun.
Le travail de préparation est important pour le bon déroulement des ateliers.

L'enseignant définit clairement les attentes dans chaque groupe. Une évaluation est nécessaire pour remédier aux problèmes pour la fois suivante.

En général, je faisais des groupes en autonomie et un groupe avec l'enseignant.

Le groupe avec moi (1 élève avec un roulement, plusieurs élèves selon un objectif à atteindre) était regroupé dans un coin spécifique de la classe. Malgré les variantes infinies de possibilités dans l'année, je voyais chaque élève au moins deux fois avec moi. On écrit ensemble, on réfléchit à une situation problème. Je profitais de ces instants pour faire lire les élèves. On discutait de méthode d'apprentissage pour avancer sur un point du programme.

L'avantage de ce dispositif est qu'il me permet de mieux individualiser les apprentissages pour chaque élève. Je fais des groupes de niveau, des groupes avec 1 « modèle » et des « copieurs »... Parfois je sélectionne un groupe d'élèves mais ils passent un par un avec moi. Je me fixe un objectif et je fais mon groupe en fonction.

Les groupes en autonomie étaient avec une mission précise à atteindre. En général, les élèves avaient un TI (Travail Individuel) à faire ou une situation problème en rapport avec la notion nouvelle de la semaine.

Pour permettre à chacun de trouver sa place dans cette façon de faire, je prévoyais

des ateliers libres : lecture, construction, puzzles, coloriage, dessin..... et même pâte à modeler.

5. Des exemples d'ateliers.
A) le TI :
Cela prend la forme que l'on veut. Pour moi c'était variable mais en général c'était des fiches d'exercices pour approfondir les notions travaillées.
La plupart du temps, ils avaient 15 exercices pour réviser avec l'aide des leçons, sur deux semaines.
Il me permettait de différencier sans stigmatiser les élèves en difficulté.Je leur faisais un TI adapté à leur niveau atteint ou sur les points du programme à retravailler car ils n'étaient pas acquis.
Le TI me permettait de pousser les élèves ayant acquis la compétence.Mais je voulais leur demander de s'entrainer encore un peu plus sur cette notion. Ce n'est pas parce qu'ils savaient faire qu'ils devaient s'arrêter . J'aime leur donner le goût de l'effort. On est arrivé à faire telle chose oui mais on peut s'entrainer encore un peu plus.
Le TI faisait travailler l'autonomie de chaque élève. En les obligeant à ce contrat sur deux semaines, il fallait avoir une cadence par jour, s'organiser pour arriver à finir. C'était une vraie mission chaque jour !

B) Les situations-problème :
Ma préférée est la production d'écrit. Les faire réfléchir sur les sons, les faire manipuler le vocabulaire appris, les faire jouer avec les mots.
Il y a une grande richesse dans la production d'écrit. Il n'est pas nécessaire de faire de grandes productions mais il faut viser simple et donner régulièrement l'occasion pour eux de se retrouver dans cette situation. Les productions à plusieurs mains étaient riches dans les discussions. Le langage oral et écrit étaient alors travaillés avec une efficace simplicité.
Il y a les situations problème avec manipulation. Le but étant de faire échanger les élèves sur leur méthode. Ainsi on pouvait appprendre en faisant à la méthode du copain. Il n'était pas rare de voir dans un exercice individuel un élève qui m'expliquait qu'il avait fait comme untel pour trouver la solution.

Ces situations permettent de vivre la réussite , l'échec à plusieurs, mais de tester des méthodes proposées par un élève.

6. Penser sa classe autrement.

A) Il faut préparer sa classe en amont pour ne pas être débordé sur le temps de classe.
B) Il faut prévoir un règlement dans la classe. Il est nécessaire de travailler les règles en prenant appui sur les courants pédagogiques basés sur la coopération, l'estime de soi. Avoir confiance et s'entraider est la base.

C) Un temps dans l'emploi du temps est obligatoirement accordé à ces ateliers tous les jours. Il ne faut pas croire que c'est du temps de perdu par rapport aux programmes.
D) Une organisation spatiale de la classe est à penser. Il faut une classe « mobile » ou avec des coins pour ces temps de groupes. Il ne faut pas avoir peur de bouger les meubles. Quand l'habitude est là, les élèves savent être efficaces dans ces déménagements nécessaires.

CONCLUSION :
Avoir préparé sa classe (organisation des meubles et programmations) est obligatoire pour être libéré sur le temps à passer avec les élèves.

Il ne faut pas avoir peur de mouiller sa chemise ni avant ni pendant la classe.

Il faut être convaincu que chacun avance. Les temps individuels passés avec l'élève vous feront vite voir que oui il a appris même sans vous !

Les avantages sont nombreux.
On différencie sans stigmatiser et sans difficulté.
En créant ce groupe classe, on favorise le groupe et l'apprentissage de la vie en société. On créée un groupe de futurs citoyens.
On stimule les élèves en utilisant les intelligences multiples.
L'évaluation et l'auto-évaluation sont plus approfondies. Avec un tel dispositif, je connais mieux l'élève sur l'ensemble des compétences attendues. Le temps individuel que je passe avec eux chaque jour me permet de pouvoir mieux les évaluer.
Je mesure ainsi les progrès parcourus et le chemin qu'il reste à accomplir.

Remarque qui a son importance :
Je rencontrais les parents que cela se passe bien ou pas pour leur enfant au moins une fois par an.
C'est l'occasion d'expliquer notre façon de travailler en classe mais aussi de pouvoir faire un point avec eux. L'élève étant présent , il entend un discours valorisant. Ce moment est un point d'appui avec certains enfants pour qui la réussite, l'estime de soi n'est pas au mieux.

Voilà une synthèse de mon analyse de ma vie de maîtresse . Rien de révolutionnaire mais juste pour un partage. Merci de m'avoir écouter :-)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Publié dans gaëlle b

Commenter cet article

I
Tres interessant. Je me questionne beaucoup en ce moment sur la cooperation, l'entraide, le tutorat. Nous sommes passés de la gestion du collectif ( groupes tournants sans autonomie) à l'individuel ( ateliers autonomes, individualisation) c'est bien , mais maintenant, il me semble important de laisser une grande place à la cooperation, au tutorat dans un espace motivant et un parcours autonome : des bacs en double exemplaire, des défis à relever à plusieurs, des contrats pour persévérer ... La cogitation continue !
Répondre
I
Gaëlle, quel niveau de classe as-tu ? Ce sont tes exemples qui m'interrogent ( fiches d'exercice). Comme tu l'écris, l'imitation est naturelle, le petit enfant imite ce qu'il observe et d'ailleurs les prémices du langage s'inscrivent dans cette imitation des formes que prend la bouche en s'adressant à lui. Trés tôt, l'enfant est capable de reproduire ces mouvements des lèvres et s'installe alors un va et vient entre l'enfant et l'adulte. C'est finalement quand les adultes indiquent qu'il ne faut pas copier que les enfants intègrent cette action qu'ils maniaient avec aisance comme un interdit. En petite section, ils ne sont pas concernés par cette pensée confiscatoire, ils sont en plein épanouissement de leur capacité d'imitation et ils adorent ça, c'est pourquoi s'appuyer sur ce plaisir est absolument incontournable et doit être développé comme tu le dis. J'irai plus loin que toi quand tu nuances et que tu différencies les moments où il ne "faut"pas copier ( évaluation) et l'école française n'accorde pas suffisamment de place au travail en équipe y compris lors des évaluations, je pense qu'il est important de développer ce sentiment de solidarité et d'entraide face à un défi à réussir ensemble, le groupe est évalué et chacun ressent son rôle et son importance à mettre au service du collectif ses connaissances et savoir-faire. Les enfants ont plus à gagner dans ces moments que seul face à une feuille.
Répondre
E
surtout après la "primarisation".....on pourrait renverser la vapeur et parler de "maternalisation"!<br /> Hier, une de mes GS, qui va entrer au CP dit à ses copains<br /> "pour nous, c'est fini "l'école maternité", on va aller au CP"!!!
I
C'est une vision moderne que de penser que la maternelle pourrait inspirer l'élémentaire, je la partage aussi.
G
Isa , j'ai des TPS/PS/MS depuis 3 ans. Cet article est un bilan de mon vécu d'élémentaire où j'ai longtemps exercé. J'ai toujours était convaincue que la maternelle avait un fonctionnement dont les élémentaires devraient prendre en exemple. C'est en basculant en maternelle que j'ai compris combien c'était encore plus que vrai.<br /> Du coup je ne le raconte pas dans cet article mais ma pratique de classe avec les petits est encore plus dans ce concept d'imitation et d'entraide.<br /> C'est une évidence quand on travaille en maternelle mais en élémentaire on se met des freins sans s'en rendre compte. Alors que c'est si simple.
A
Merci !!! ton article est très intéressant il a le mérite de me faire réfléchir au statut de la copie!!
Répondre
P
Que c'est intéressant de lire un article concret présentant sa pratique de classe. Je te remercie. Ce que tu expliques à mon sens, c'est que pour bien enseigner, il faut entrer dans un processus, non mécanique, et bien comprendre de quoi l'enfant a besoin pour apprendre.
Répondre