La rentrée et les pleurs
En répondant à Vanessa, j’ai évoqué une des grandes difficultés de la rentrée : comment agir avec les enfants qui pleurent ?
C’est un moment déroutant et angoissant les premières années.
Il faut accepter cet état de fait.
Heureusement ,cela ne touche pas tous les enfants mais il est vrai que les pleurs sont très communicatifs.
Il me semble important de ne pas précipiter la séparation ,le premier jour, et de laisser le temps à la fois à l’enfant mais aussi aux parents d’accepter cette rupture.
Il y a différents types de pleurs :
- Certains enfants pleurent quand leurs parents sont encore dans la classe et s’arrêtent dés qu’ils ne les voient plus.
- D’autres hurlent, crient, tempêtent à leur départ ; la crise dure quelques minutes puis cessent.
- D’autres encore pleurent à retardement en réalisant l’absence au bout de quelques temps.
- D’autres pleurent sans discontinuer , inconsolables, refusant toute activité.
Comment agir ?
L’enseignant va rapidement percevoir la meilleure façon de faire , pour ceux qui débutent ,voici quelques conseils nés des nombreuses rentrées en petite section.
Dans le cas n°1 ( pleurs avant le départ des parents), ce type d’enfant a besoin d’être rassuré. Souvent il suffit de passer des bras de Maman à ceux de Maîtresse pour que le calme revienne, ce sont des enfants qui ont besoin du contact physique, ils veulent donner la main, tenir le pantalon, s’accrocher à la blouse de Maîtresse.
Dans le cas n°2 ( crise avec hurlements) ,ce sont souvent des enfants qui ne veulent aucun contact, ils ont besoin de crier pour exprimer leur angoisse. Il ne faut pas chercher à les prendre, il faut veiller à ce qu’ils ne se sauvent pas ( fermer les portes voire à clef si celles-ci donnent sur l’extérieur) et les laisser piquer leur colère, celle-ci ne dure pas. Finalement ils réintègrent le groupe et se montrent souvent actifs.
Dans le cas n°3 ( pleurs à retardement) les paroles et le contact peuvent aider à soulager l’angoisse passagère. Il ne faut jamais nier la douleur de l’enfant « Je sais que tu es triste parce que ta maman et ton papa sont partis, je te comprends, tu vas les retrouver tout à l’heure, ils vont venir te chercher. A l’école, tu apprends aussi à quitter ton papa et ta maman et après vous êtes contents de vous retrouver ; moi , je suis là et je reste avec toi » . Il faut souvent répéter, les enfants veulent entendre les paroles qui les soulagent. Quelquefois j’indique sur l’horloge en collant une gommette l’heure des retrouvailles, bien que petits, ils voient le déplacement des aiguilles et il pressentent le temps qui passe. C’est d’ailleurs aussi pour cela qu’il faut rapidement leur donner des repères visuels du temps pour les aider à attendre ( journée en photos avec petit personnage qui se déplace au fil des activités). J’accepte aussi les doudous, les tétines pour que la coupure ne soit pas brutale.
Dans le cas n°4 ( pleurs inconsolables), je ne vous cache pas qu’il s’agit de la pire situation, de la plus difficile à gérer surtout si elle dure au-delà des fameux quinze premiers jours.
Ce sont des enfants qui ont beaucoup de difficultés avec le groupe, ils ont le souhait d’être seuls avec l’adulte, c’est pourquoi lors des premiers regroupements, il vaut mieux quelquefois les confier un petit moment à l’ATSEM avec laquelle ils se promènent dans l’école plutôt que de faire subir au groupe les pleurs incessants que rien ne calme ni le contact , ni les paroles.
Cependant il faut aussi savoir s’appuyer sur le groupe et quelquefois demander : « Qui veut donner la main à Mickaël, il est un peu perdu sans sa maman et son papa, il faut le rassurer ? » Il y a toujours des enfants prêts à soutenir le petit copain et cela peut fonctionner.
Enfin il y a ceux, rares de mon point de vue, qui ne réussissent absolument pas à projeter le retour de leurs parents et qui vivent comme un abandon chaque séparation. Pour ceux-ci ,il faut beaucoup de souplesse et de patience, il peut être envisagé ( si cela est possible) de garder la maman un peu plus longtemps et progressivement diminuer son temps de présence en classe.
En tout état de cause, l’enseignant doit se sentir en confiance, il sait que ces pleurs sont inhérents à la séparation. Il veille à offrir de la douceur, de la compréhension et de la sécurité. Il se montre très présent y compris aux récréations ( lieu angoissant), il met en place au plus vite des repères temporels et des activités motivantes ayant un sens pour les élèves.
Si le découragement le gagne, qu’il songe qu’à la fin de l’année, ce sera lui qui sera triste de voir partir ses petits élèves…….