Réponse à Marie sur l'organisation des ateliers
Bonsoir
J'ai encore une question cette fois-ci d'organisation.
Comment lances-tu tes ateliers? Il faut donner pour chaque atelier la consigne mais personne n'écoute vraiment et quand on les installe à leur table, je dois réexpliquer. C'est pas évident. Quels ateliers autonomes mets-tu? Je mets construction, graphisme qui finit pour certains en ???, pâte à modeler, bref tout ce que font le plupart des instits. Dur d'être en autonomie en janvier .
Donne moi ta solution
Sachant que j'ai les ateliers des moyens à lancer donc je ne lambine pas.
merci par avance et bon week-end.
Marie
Organisation des ateliers et principe d’autonomie
Pour arriver à des ateliers satisfaisants, plusieurs facteurs entrent en jeu. Je crois que le tout est dépendant de chacune des conditions et que le choix de tel ou tel atelier sera favorable dés lors qu’il s’inscrira dans un contexte général.
Le temps et l’attention :
Nous savons que l’attention d’un petit de 3-4ans est limitée et variable. Un des rôles de l’école est de développer cette capacité. Celle-ci est d’autant plus difficile à tenir quand l’adulte référent n’est pas présent avec le groupe d’élèves. L’enseignant va devoir inclure ce paramètre dans sa préparation et trouver les ressorts de motivation indispensables au maintien de l’attention. Ils en existent plusieurs :
- Le projet à réaliser individuellement ou collectivement.
- La répétition d’une tâche à laquelle l’élève a déjà été confronté avec l’étayage de l’adulte.
- Le plaisir et le jeu.
- Le défi.
- La recherche de solutions au problème posé.
D’autre part, les contraintes temporelles doivent varier au cours de l’année, j’explique dans « Réponse à Violaine sur la gestion des ateliers » comment faire évoluer les groupes de travail de la situation la plus libre ( les élèves peuvent changer d’activité) à la plus contraignante ( le groupe de travail est figé).
Le respect des autres et le principe d’autonomie :
Le travail sur « Devenir élève » commence dés le premier jour. Les élèves au travers de lectures, de discussions, d’évènements, de jeux de rôles apprennent petit à petit à tenir compte des autres. Ainsi l’agitation observée lors des groupes autonomes peut être contrée autour de l’argument : « Ton comportement gêne les autres, tu te gênes toi-même ».
Chaque enseignant doit avoir comme projet de rendre autonome chacun de ses élèves. Ceci ne peut exister sans responsabilisation et confiance. Les élèves sont dans les ateliers pour une tâche, ils doivent en connaître le but et être incités à mobiliser leurs propres resssources. Ils apprennent dans cette situation d’autonomie à construire leurs propres stratégies d’apprentissage qu’ils confrontent à celles des autres membres du groupe dans une coopération ou une simple observation ou bien encore une imitation constructive.
L’enseignant cherche donc à développer dans sa classe l’esprit d’entraide et de respect, ceci se fait au fil des mois et doit être une préoccupation constante. C’est un ensemble difficile à retranscrire , l’enseignant porte en lui-même ce respect ; par ses mots, par son attitude influence celle des élèves.
L’attitude de l’enseignant :
- Par rapport à chaque élève : Dés le début de l’année, l’enseignant souhaite connaître chacun de ses élèves. Par cette connaissance, il est à même de l’aider, d’agir avec lui en fonction des observations, de l’analyse qu’il en fait, et de ses conclusions ( voir article observation des élèves : fiche d’observation en EPS). Ce temps d’observation a toute son importance, et je reste persuadée qu’il est indispensable. Ce regard a des conséquences sur l’attitude de l’enseignant vis-à-vis de l’élève, une proximité s’établit, un échange non verbal se crée dont l’élève comprend que son enseignant se préoccupe de lui, qu’il est dans une relation bienveillante et dont l’enseignant prend acte dans une meilleure compréhension et une révision quelquefois de son jugement qui ne s’était fondé que sur des faits ponctuels quelquefois décontextualisés. Quelquefois l’observation seule suffit à voir les difficultés s’estomper.
- Par rapport au groupe d’élèves : L’enseignant est rigoureux et souple. Ainsi les règles établies collectivement doivent être garanties par lui-même, qui en exige le respect et applique les sanctions en cas de manquement. Cette garantie sécurise le groupe. Les premiers temps sont difficiles car l’enseignant est amené à souvent répéter, il accepte ce rôle et sait qu’il est nécessaire pour connaître des améliorations dans les comportements. Il prend son « mal en patience », ses petits élèves ont besoin de tester, d’apprendre à se contrôler , cela n’est pas immédiat. Mais sa patience et sa ténacité seront récompensées. La souplesse doit se manifester vis-à-vis des élèves particulièrement en manque de contrôle. Ce sont des élèves en grande difficulté ( il y en a toujours 1 ou 2 par classe), leur capacité d’attention est réduite, l’enseignant les autorise à changer d’atelier fréquemment , y compris lorsque les groupes se figent en fin d’année.
L’organisation matérielle et le déroulement :
Ceux-ci sont bien entendu les conditions minimales qui vont permettre le bon fonctionnement des ateliers. J’explique dans « Réponse à Violaine sur la gestion des ateliers » la préparation des ateliers : l’ATSEM est responsabilisée, elle prépare le matériel nécessaire à chaque atelier grâce au cahier journal qu’elle consulte, elle installe les cartes des élèves ainsi chacun sait rapidement où il va et possède tout le matériel pour agir. Nous savons que les temps d’attente sont des temps d’agitation et de désorganisation. Le déroulement que je propose est une manière de faire, elle doit être adaptée selon chaque classe.
Les consignes des ateliers ne sont pas expliquées en grand groupe, les élèves ont besoin d’être en situation pour envisager leur tâche.
L’enseignant invite chacun à rejoindre son groupe de travail et à chercher ensemble ce qu’ils vont devoir faire. L’enseignant donne un repère temporel : « Vous ne commencez que lorsque j’ai pris votre carte ».
Ensuite il va de groupe en groupe pour s’assurer de la compréhension de la consigne et retirer les cartes. Il rappelle les règles de respect des autres et l’exigence d’avoir fini sa tâche pour changer d’atelier ou être autorisé à aller jouer. Il rejoint son groupe.
Il est important que le matériel, la fiche de travail , le lien avec ce qui a été fait précédemment ( livre, discussion …) soient suffisamment explicites pour que les explications soient brèves.
En conclusion, lorsqu’une enseignante me demande comment mettre en place les ateliers autonomes et lesquels. Il m’est difficile de répondre précisément puisque le bon fonctionnement de ceux-ci dépendent de tout ce que j’ai décrit plus haut. Ainsi un atelier avec fiche de travail peut être vécu en autonomie et un atelier pâte à modeler peut être organisé avec la présence de l’enseignant en fonction de ses objectifs ainsi que le degré de difficulté de la tâche. Ce que je pense c’est que les élèves doivent avoir le sentiment d’apprendre et que si l’enseignant les installe pour jouer qu’il leur dise. Enfin, dans les ateliers que je propose ,chaque semaine, il y a deux ateliers autonomes !!!!!