le blog peut-il faire peur ?
Comment faire pour que le blog soit un lieu qui rassure et non qui inquiète ?
J’écris aujourd’hui pour tous ceux qui se sentent en difficulté et qui lisent ce blog avec un certain malaise.
Toutes ces idées, toutes ces photos, toutes ces préparations peuvent paraître exemplaires et amener un sentiment d’infériorité à celles et ceux qui actuellement sont confrontés à des résistances et à des conditions de travail complexes.
Dans ce cas, le blog ne remplit pas son objectif qui est celui d’aider, de soutenir, d’alléger.
Je suis bien consciente que ce risque est inhérent à toute aide, dans la mesure où l’aide induit une position forte et une position faible. Et c’est toute la préoccupation d’une démarche comme la mienne : « Comment être un soutien sans conduire à une dévalorisation de celui ou celle qui vient le chercher ? »
D’autant plus que certains vont se rendre compte que la préparation peut être tout à fait pensée, construite et cohérente mais qu'elle n’assure pas une réussite garantie en classe. C’est forcément frustrant.
Bien-sûr, ce blog explique dans de nombreux articles que la préparation est une chose importante mais que d’autres paramètres influent sur la tenue de la classe. Cependant, cela n’est certainement pas suffisant et je perçois bien dans certains commentaires que le désir de parvenir à une maîtrise poussée de la pédagogie est sous-jacent au regard porté sur ce qui est proposé.
Je voudrais donc à nouveau insister sur le nécessaire recul à prendre en venant ici. Il faut vraiment que chacun sache que nous avons TOUS débuté dans la difficulté, que la pratique de ce métier se construit dans le temps, que chaque classe a ses particularités et que parfois ,après avoir passé de bonnes années avec des élèves qui nous ont convaincu d’être un enseignant satisfaisant, on se retrouve à nouveau en souffrance avec une autre classe . Rien n’est assuré. Même si au fil du temps, l’acquisition d’une anticipation clairvoyante peut aider à éviter certains travers, on demeure des êtres humains avec leurs faiblesses.
Ce blog présente des travaux réussis et bien présentés, des préparations fignolées, des photos heureuses et enthousiastes. Je m’interroge sur la place à faire aussi aux doutes, aux ratés, aux erreurs, aux déceptions afin de refléter de manière plus réaliste la vie dans les classes.
Qui osera se lancer dans un article qui raconterait ou qui montrerait ce qu’il n’a pas atteint, ce qu’il n’a pas compris , ce qu’il n’a pas su transmettre ?
Cette ouverture à l’erreur, à l’hésitation, aux doutes serait , selon moi, accompagnée d’ une participation des lecteurs à la compréhension et aux conseils.
Dans la perspective de soutien que je me suis engagée à donner, je cherche à faire évoluer le blog afin qu’il réponde aux préoccupations des lecteurs. Cette approche de la non-réussite est le parti pris de regarder les choses telles qu’elles sont dans le but de les clarifier, de les comprendre ,non pas pour juger mais pour dénouer les fils dans lesquels, parfois, on s’empêtre. Je pense que cette vue n’est pas incompatible avec l’esprit dans lequel le blog a toujours été écrit, des expériences heureuses peuvent cotôyer des expériences malheureuses sans se heurter. Ce serait ,à mon avis, une bonne complémentarité qui permettrait d’éviter tout fatalisme ainsi que toute insouciance.
Ce faisant, une telle approche ne peut exister sans des contributions sincères et courageuses. J’ai ( et vous m'avez aidée), me semble-t-il, démontré combien ce lieu d’échange était aussi un lieu de respect, est-ce suffisant pour oser rendre compte de ses propres limites ?
Lisant vos échanges de plus en plus nombreux où chacun et chacune se montrent présents pour l'autre, je pense que nous pourrions oser affronter ensemble ce qui ne fonctionne pas.
C’est une vraie réflexion que je lance ici et je m’interroge également sur la possibilité d’un débat sur le sujet ( et d'ailleurs nos débats sont précurseurs dans cette voie: parler de ses propres difficultés).
Le blog peut-il faire peur ?