les fêtes traditionnelles à l'école maternelle

Publié le par isa

salle des maitres

 

Voici enfin le résumé de notre débat sur les fêtes traditionnelles retardé par des soucis de santé passagers .

 

En partant des échanges que nous avons eus , j’ai fait une synthèse puis un bilan de nos propos.

 

Ce qui apparait comme négatif dans ces pratiques :

 

·         La lassitude liée à la répétition.

·         Le sentiment d’obligation.

·         La nécessité de se renouveler.

·         La crainte de la réaction des parents.

·         La difficulté de faire du beau pas cher.

·         L’empiétement sur les apprentissages.

·         La question des fêtes religieuses à l’école.

·         La question des familles déstructurées.

·         La contrainte du choix d’équipe.

·         La notion de temps contraint.

·         Les goûts personnels ( je n’aime pas ces fêtes)

 

Ce qui apparait comme positif dans ces pratiques :

 

  • La participation active des élèves.
  • Le travail en équipe dans l’école.
  • La pédagogie de projet.
  • La structuration du temps pour l’élève.
  • La transmission de repères sociaux et culturels.
  • Le lien école-famille.
  • La différenciation école-famille.
  • La socialisation.
  • La notion de persévérance chez l’enfant.
  • L’énergie de l’innovation.
  • Les  contraintes stimulantes ( renouveler sa pratique).
  • Le plaisir du partage.
  • Le développement de la créativité.
  • La liberté pédagogique.

 

D’une manière générale, on ressent dans les propos un paradoxe certain.

D’une part, vous semblez vivre ces traditions comme une contrainte ( pas toutes mais cela s’entend majoritairement), et d’autre part, cela ne semble pas être possible de les remettre en cause. Or , rien dans les programmes de l’école maternelle n’indique qu’il y a obligation à travailler ces fêtes. Il s’agit donc bien d’un héritage culturel qui s’est inscrit dans la pratique de manière choisie. Il y a donc une contradiction patente entre le vécu et le ressenti.

Deux raisons évoquées s’opposent à l’abandon de ces usages : l’équipe pédagogique et les parents. C'est-à-dire l’intérieur et l’extérieur viennent contraindre l’enseignant, celui-ci se sent forcé. Mais à y regarder de plus près, il est totalement libre, et je me demande si ce n’est pas cette liberté tellement large (qu’elle en est inquiétante) qui a conduit les enseignants de maternelle à se donner des limites, des repères, des échéances.

Contrairement à l’école élémentaire, la maternelle ne s’est appuyée sur des programmes que tardivement, et les enseignants ont articulé l’année scolaire autour de ces fêtes afin de rythmer les apprentissages. D’autre part, la pédagogie de projet est un des biens précieux de l’école maternelle et ces traditions relèvent particulièrement de celle-ci .

 

Ce qui est formidable avec les êtres humains, c’est leur capacité à vivre une même situation de manière différente. Ainsi, l’équipe pédagogique et les parents qui semblaient être des étaux peuvent être vus comme de formidables soutiens.

 

Je pense effectivement que ces traditions inscrivent les élèves dans la continuité familiale, ils passent d’enfant à élève et cette rupture est mieux vécue si à l’intérieur de leur nouvelle sphère ils retrouvent ce qui est commun entre la famille et l’école. La puissance éducative des deux pôles est renforcée dés lors qu’une cohésion apparait entre eux. C’est aussi l’occasion de cheminer vers ce qui les différencie, l’école n’est pas la maison et inversement.

Pour l’enseignant , les échanges avec les collègues sur un projet commun est source de partage et de rassemblement, l’occasion de faire ensemble, d’être ensemble, de penser ensemble.

 

En revanche, on voit bien que ,dés lors que la fête est une contrainte pensée comme la réalisation obligatoire d’un objet ( ou autre réalisation) identique pour tous sans une véritable recherche de créativité (parce que ce qui compte est le produit final), on tombe dans la lassitude du faire. D’où vient cette lassitude ?

A mon avis, elle vient de la non correspondance entre le métier d’enseignant et l’obligation  (donnée à soi-même) de se transformer en créateur artisanal  ( attention, je ne pointe personne , nous l’avons tous vécu).

Où est l’enseignement ? 

De surcroît, cette transformation demande souvent une grande énergie, une dépense matérielle et un temps conséquent avec parfois un fort sentiment de peu de reconnaissance.

Encore une fois, où est l’enseignement ?

Enseigner est une posture professionnelle, il ne s’agit pas d’attendre des remerciements puisque donner est l’essence même de notre mission.

Ainsi, la frustration qui engendre la lassitude est , selon moi, le sentiment de ne pas se sentir vraiment là où on devrait être.

 

Alors que faire ?

Chacun est libre, il compose son enseignement comme il l’entend.

 

Personnellement, je pense que l’école maternelle peut tout à fait se passer de ses traditions, cela demande de trouver d’autres projets, d’autres manières d’entrer en lien avec les familles, d’autres moments de créativité, d’autres occasions de faire la fête dans l’école, d’autres repères temporels, mais tout est possible. Je ne suis pas sûre que cela soit moins de travail.

 

Les fêtes traditionnelles sont des possibles points d’appui à l’enseignement dés lors qu’elles s’inscrivent dans un projet pédagogique où les élèves sont acteurs et non exécuteurs, l’enseignant fait ses choix en ayant mesuré l’intérêt général, y compris en laissant parler ses propres aspirations.

 

J’espère qu’à la lecture du débat et de ce résumé, ceux qui cherchent à éclaircir, à choisir, à argumenter auront trouvé quelques réponses. Bien entendu, le débat reste ouvert et les points de vue peuvent encore être exprimés.


Merci beaucoup pour tous ces échanges fructueux qui nous donnent à penser la pratique d'enseigner, sujet tellement passionnant. Ceux et celles qui auraient un sujet en tête pour le prochain débat peuvent aussi profiter de cet article pour en faire la proposition



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Publié dans la salle des maîtres

Commenter cet article

M
<br /> <br /> Demain , je fais des poissons d'avril !<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> mais quelle est cette tradition  ?   <br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> mon paradoxe actuel est ici bien résumé ! merci pour ce bilan.<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> je me suis bien inspirée de ce que vous avez dit, donc de ton paradoxe !!!!! Mais je pense que cet éclairage est partagé assez largement et depuis déjà quelques années, car avant mon<br /> départ de notre grande institution, ces questions agitaient déjà les têtes. Il y a une chose dont nous n'avons pas parlé et qui est l'argent, dans notre école, certaines fêtes étaient d'abord un<br /> moyen de trouver une source de financement pour améliorer nos conditions matérielles en termes d'achat de livres, de jeux, d'activités extérieures ( paiement du car...).<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> <br /> Merci Isa, et prends bien soin de toi! Bises.<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> merci Gwenaëlle, toi aussi.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Synthèse très intéresante, qui reflète bien nos interrogations du moment, à l'école.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> je rejoins Béatrice. Merci Isa pour cette intéressante  synthèse. bon rétablissement.<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> merci Dom.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> Merci beaucoup Isa. Moi qui n'ai pas pu participer à ce débat, je suis très intéressée par ce résumé, d'autant plus que tu apportes y ta hauteur de vue ce qui nous aide à poursuivre<br /> la réflexion.<br /> <br /> <br /> <br />
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