réponse à Delphine sur la programmation en EPS dans la série " Je recycle"

Publié le par isa

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LUNDI 6 JUILLET 2009

 

Merci pour votre site qui est très intéressant et très motivant. J'ai eu cette année pour la première fois des PS (après 8 ans de Gs) et les séances de gym m'ont laissée un peu désarmée , voire perplexe! Vos séances sont très construites mais j'aurais aimé savoir comment vous les programmiez? Faites vous chaque jour une activité différente (genre lundi: parcours, mardi: rondes, jeudi:orientation ....)ou choississez vous une compétence sur une période (par exemple le lancer). Pour ma part j'ai opté pour la deuxième solution, mais j'aurais aimé connaître votre organisation et votre point de vue.
Merci et bonnes vacances.

 

Pour commencer, je voudrais d’abord vous renvoyer au travail de Roland Michaud (Conseiller Pédagogique Départemental dans les Bouches-du-Rhône, auteur d’ouvrages qui font autorité).

Comme vous l’évoquiez, j’ai moi aussi eu beaucoup de perplexité durant longtemps concernant la préparation et la mise en place de l’EPS avec des petites sections.

L’espace à utiliser était à la fois infini et contraignant, je m’explique, les élèves arrivant dans une grande salle ont immédiatement le désir de l’explorer en courant partout, il faut réussir à canaliser cette envie afin de cadrer la séance tout en s’appuyant sur cette volonté d’exploration. C’est un subtil mélange qui demande une rigueur ( savoir exactement ce qu’on vient faire) et une grande souplesse ( aider à la création de réponses motrices dans une liberté d’expression ).

Auparavant , je travaillais ponctuellement : des rondes puis de la gym puis de l’exploration de matériel, puis des jeux collectifs. Cette manière de faire est désignée par R. Michaud comme du zapping pédagogique : on fait pour faire mais la progression n’est pas claire et les élèves n’exploitent pas suffisamment ce qu’ils ont appris précédemment soit à cause du décalage temporel soit parce qu’aucune progression n’est vraiment établie. Cette façon d’enseigner part de l’objectif de diversifier, d’offrir aux élèves une palette d’actions afin qu’ils essaient, qu’ils explorent. C’est un peu comme si toute l’année les élèves étaient en phase de découverte. Je ne juge pas , j’ai pratiqué ainsi, et comme le dit Delphine , j’étais perplexe, insatisfaite et cela me pesait.

J’ai commencé à me dire qu’il fallait peut être mieux faire des choix , ne pas vouloir tout exploiter mais par contre, travailler un objectif à fond, avoir un projet d’apprentissage auquel les élèves seraient associés. J’ai donc lancé des cycles durant lesquels les élèves faisaient l’apprentissage du lancer haut ou du courir vite ou de la ronde... En général, ceux-ci duraient 5 à 6 semaines, c'est-à-dire que le groupe ne travaillait qu’un seul objectif durant ce temps. J’ai découvert par la suite que R.Michaud préconisait des cycles encore plus longs.

Ce cycle d’objectif doit partir d’une situation problème : exemple pour ce jeu , j’ai besoin de savoir courir vite.

Cette phase correspond donc à la découverte, les élèves sont mis en situation d'être confrontés à une difficulté qui peut être résolue par l’apprentissage.

On passe donc ensuite en phase d’entraînement, l’enseignant va mettre en place des séances où les élèves s’entraînent en augmentant progressivement la difficulté, ils mesurent durant cette phase le résultat de leur action grâce à un système d’évaluation ( exemple : panier à gommettes pour le lancer haut, les élèves gagnent les gommettes correspondant au panier, ils ont une fiche individuelle d’évaluation).

Durant la phase finale, les élèves sont remis dans la situation de départ et comparent leur performance puis ils sont mis dans une autre situation qui utilise la même compétence afin de réinvestir ( un autre jeu par exemple).

Grâce à cette construction pédagogique, les élèves sont partie prenante de leur apprentissage, ils prennent en main les éléments de leur réussite. C’est un vrai changement, ils savent ce qu’ils viennent apprendre, ils s’investissent totalement.

Une constante à prendre en compte et à garder à l’esprit est qu’il faut compter 3 séances avant que les repères soient pris, c'est-à-dire que les deux premières séances sont toujours un peu pagaille, l’enseignant ne doit pas se décourager sachant que la troisième séance est bien meilleure.

La répartition des objectifs d’apprentissage doit se faire sur les trois années d’école maternelle, il est donc souhaitable de s’accorder avec ses collègues pour établir un calendrier des compétences selon les sections.

Si vous reprenez les fiches d’EPS que j’ai proposées cette année, vous aurez la programmation suivante :

1.      Réaliser une action que l’on peut mesurer : cycle lancer haut avec manipulation de ballon pour induire la compétence avec évaluation finale.

2.      Réaliser une action que l’on peut mesurer : cycle courir vite avec jeux collectifs pour induire la compétence avec diplôme courir vite.

3.      Adapter ses déplacements aux différents types d’environnements :cycle parcours gymniques avec phases d’entraînement au saut, au marcher en équilibre et au rouler et bilan.

4.      (celle-ci ne se trouve pas dans les fiches mais dans les préparations « AGIR et S’EXPRIMER AVEC SON CORPS) Réaliser des actions à visée expressive : cycle mime à partir des livres travaillés avec spectacle final devant une autre classe.

5.      Coopérer et s’opposer individuellement ou collectivement : cycle jeux d’opposition avec jeux collectifs puis jeux d’opposition individuelle avec pour final jeu de lutte en binôme.

6.      Adapter ses déplacements aux différents types d’environnements : cycle randonnée avec indices visuels et progression dans le repérage.

 

Cette programmation balaye tous les champs d’action en EPS, pour autant, il reste bien du travail pour les années suivantes. Mais il faut savoir faire des choix et en être convaincu.

Je reste à votre disposition pour des éventuels éclaircissements. 

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Publié dans agir 2013

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