Le pavé dans la mare du projet "Voyage de la marionnette"

Publié le par isa

Pour clôturer le cycle des réflexions autour du voyage de la marionnette, j’ai envie de jeter un pavé dans la mare, dans ma propre mare, celle dans laquelle je me prélasse depuis des années.

N’étant plus sur le terrain, j’ai peu fait évoluer ce projet contrairement à ma pratique où les remises en question face aux changements me poussaient à réinventer encore et toujours. C’est donc dans un souci de progression, d’adaptation, de volonté d’être toujours en phase avec la réalité du terrain que je lance ce pavé.

Les discours autour de l’enseignement en maternelle incitent de plus en plus à réaménager le temps scolaire pour aller du collectif vers les petits groupes. La présence de l’enseignant dans une relation plus « individualisée » est mise en avant.

J’ai évidemment anticipé cette inversion puisqu’à travers le travail de l’album langage ainsi que la nécessité de développer les ateliers autonomes, j’indique cette direction pédagogique.

Alors le temps du collectif est-il révolu, du moins tel que nous le pratiquons, c'est-à-dire en place centrale ? L’articulation des tâches scolaires doit-elle passer nécessairement par cette centralisation ? Et si non, quid d’un projet tel que celui des récits de vie ?

Les questions pourraient alors être : « Les discours émanent principalement des recherches des théoriciens, mais dans la pratique nos observations indiquent également que des changements peuvent être tentés, peut-on envisager la pédagogie de projet majoritairement au travers d’activités de groupes? Le collectif doit-il se réduire à la synthèse, au bilan ? Comment imaginer le voyage de la marionnette avec une organisation différente des retours ? »

L’innovation pédagogique a toujours été pour moi un défi, je n’ai jamais attendu qu’on m’y incite parce que je trouve qu’il est intéressant intellectuellement et professionnellement de chercher et de trouver de nouveaux fonctionnements, de nouvelles organisations. Et c’est dans cette ébullition que naissent les idées. Innover c’est se donner le droit de changer en sachant que rien n’est jamais définitif mais que ce qui donne satisfaction sera dans l’intérêt des élèves.

Voilà pourquoi, le pavé dans la mare peut m’éclabousser, je n’y attache pas d’importance, ce que j’ai fait, je l’ai fait avec conviction et détermination dans une conscience professionnelle engagée qui correspondait à une époque, et ce n’est pas un désaveu que de reconnaitre qu’il est peut-être temps de changer.

Quel est votre point de vue sur cet éclairage paradoxal ?

Le pavé dans la mare du projet "Voyage de la marionnette"
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C
Dans la classe j' ai deux nounous qui partent dans les familles dès fin septembre. En début d'année la restitution se fait pendant le temps d'accueil, en individuel, avec les enfants intéressés autour. Les cahiers de Gaston et Camille restent ensuite dans la bibliothèque, en consultation libre. A partir de janvier, par contre, on avait une présentation en collectif. <br /> Cette année, nous avons ajouté la responsabilité de préparer le déjeuner des nounous, suite à notre projet restaurant. Là encore c'est de l'individuel. Chaque semaine, deux enfants étaient en charge de préparer les sacs à déjeuner (lunch box car école bilingue aux US), en choisissant un menu (photo d'une assiette), et en allant faire les courses à l'épicerie. <br /> Au plus les années passent, au plus mes rassemblements se raccourcissent. Et le fonctionnement en ateliers ouverts fait que je suis de plus en plus dans l'individuel. Il faut dire qu'avec 70% d'anglophone, c'est le meilleur moyen de les faire progresser en français. Leur attention est difficile à maintenir en grand groupe. donc le rassemblement c'est essentiellement pour les comptines, chants et histoires. C'est aussi pour la pêche aux idées lors du lancement d'un nouveau projet.
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M
Projet de l’élève, situation collective, intervention individualisée du maître, temps de bilans collectifs… tout cela me fait penser aux travaux de Marc Prouchet… Il aborde un enseignement collectif mais surtout pas frontal, favorisant la mise en projet personnelle de l’élève, passant par le corps et la verbalisation (cf. ses travaux sur le « double entonnoir » et la « marguerite des impressions »). La séquence d’apprentissage et le « collectif » sont repensés ; les bilans dirigés par l’enseignant poussent les élèves à « aller plus loin » dans leurs réflexions. La place et le rôle du maître est d’observer, de cadrer sans imposer, d’aider sans donner les solutions.<br /> <br /> J’ai eu l’occasion de mener une séquence en maths, avec mes SPM, il y a 2 ans. Notre équipe expérimentait alors une situation-pb en numération. Je dois dire que le résultat est plus que positif au niveau des élèves… La période est axée sur un domaine (comme toi, Isa) et les ateliers en classe sont vraiment au service de cette situation collective de référence (pour remédier ou s’entraîner : c’est selon les besoins de chacun). Je l’ai encore menée l’an dernier avec mes SP, et le résultat final est toujours aussi positif. On respecte vraiment le rythme d’apprentissage de chacun.<br /> <br /> Alors… pourquoi ne pas essayer de transposer cette façon de bâtir son enseignement au domaine « langue orale » ? Peut-être est-ce possible ? Moi aussi, je m'interroge...<br /> <br /> Voici mes premières idées à partir d’une situation de référence de départ (la marionnette doit voyager en pays imaginaire, se promener à la maison ???) : une recherche collective en salle de motricité pour favoriser les déplacements avec mise à disposition de plusieurs « mascottes »; ateliers de langage en classe selon les besoins de chacun (lectures offertes pour enrichir l’imaginaire, travailler sur une structure, du vocabulaire, … on peut utiliser pleinement les iPAds). Bref, respecter les étapes préconisées.<br /> Au final, les productions orales peuvent être individuelles ou à plusieurs, mais doivent répondre aux critères de réussite qui seront établis au fur et à mesure de la séquence, et avec les élèves : prendre la parole pour raconter le voyage, construire son récit (on pourra aussi voir le réinvestissement du lexique ou d’une structure, l’appropriation qu’il en a faite), parler fort...<br /> <br /> Ça rejoint un peu l’idée de la collègue d’Elisabeth… mais ça ne colle pas avec ton désir de faire participer les familles à la construction du récit. Là, ça serait les élèves qui raconteraient à leurs parents… un peu comme l’histoire du sac à albums…
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I
Ça me touche vraiment vos témoignages , c'est fort.
E
J'ai eu moi aussi une très belle participation de ma petite élève mutique! C'était un bonheur de la voir prendre la parole dans le groupe, de rajouter des détails, de répondre aux autres....naturellement. Le projet était fort et l'a portée pour parler. Il y a eu également, pendant plusieurs semaines, un travail autour de la désensibilisation aux angoisses liées à la prise de parole et ce jour-là, j'ai été très émue car c'était la première fois qu'elle parlait autant dans une situation qui l'aurait bloquée totalement quelques mois auparavant. Je revois aussi le sourire de sa maman quand je lui ai fait part de mon émotion. Merci les mascottes!!!<br /> Et un TPS aussi qui a prononcé ses premières bribes de phrases...et encore un sourire de maman!!!
S
Après avoir mené plusieurs années l'expérience de la marionnette qui s'en allait ds les maisons avec un classeur qui l'accompagnait et un très fort investissement des parents, mais sans restitution sous la forme de récits de la part des enfants (seulement un petit commentaire de ces derniers en grand groupe) puis l'expérience ces 2 dernières années avec récits et livre .... Je fais un peu des bilans, remarques : L'intérêt des enfts est très fort: ils adorent jouer à imiter ce moment collectif, avec un enfant qui ferme les yeux en secouant la boîte et les autres devant, et attendant le moment de savoir qui aura la marionnette avec impatience. je dirais que la difficulté la plus grande est pour les enfants qui s'agitent sur les bancs...et pour les non francophones...et je dois dire que cela n'a pas toujours été évident, j'ai eu parfois l'impression que c'était &quot;trop leur demander&quot; et tout a changé lorsque il a été dit que c'était l'enfant qui faisait son récit qui désignait ceux qui posaient les questions, et bien sûr que celui ci n'interrogerait pas les enfants qui n'étaient pas bien assis...Donc au final, je trouve cela très positif, surtout vu le récit de Maya non francophone qui ne parlait absolument pas pdt longtemps :&quot;Lulu mangé, Lulu dormi &quot; c'est super de constater qu'elle a pris sa place dans le groupe, elle ose parler en grand groupe avec grand plaisir !
C
J'aime quand tu jettes des pavés dans la mares. L'objectif est atteint : s'interroger, rompre l'isolement de nos pratiques, oser l'ouverture vers d'autres manières de faire, trouver le courage, l'audace de tenter autrement,...Depuis 6 ans grâce aux multiples échanges de ce blog j'évolue constamment, je m'interroge quotidiennement, j'ose enfin, je m'affirme parce que j'ai des convictions, une certaine expérience, des ambitions pour mes élèves et mon école ! Grâce à ce blog et à vous tous je trouve non seulement des réponses mais aussi de nouvelles pistes d'explorations, c'est très stimulant.<br /> J'ai ainsi considérablement réduit la durée des moments de regroupement en grand groupe sans pour autant les abandonner (rituels, lancements d'un nouveaux thèmes, chants, lectures d'albums). J'exploite aussi beaucoup plus le temps de l'accueil qui déborde de plus en plus sur le temps des ateliers que je commence à mettre en place progressivement pendant ce temps là. C'est d'ailleurs la nouvelle organisation que je vais tenter l'année prochaine : glisser doucement de l'accueil vers des ateliers plus ouverts. Je teste actuellement et j'en suis plutôt satisfaite car plus de mises en route individualisées et plus de prises en compte des difficultés de chacun. Et au final les rotations fonctionnent parfaitement avec en plus la possibilité de refaire pour ceux qui le souhaitent.<br /> Concernant le voyage des mascottes (j'en ai deux Nelly et César donc une rotation à la base plus rapide puisque deux enfants emportaient une mascotte à chaque fois) et bien j'ai arrêté il y a deux ans allant donc complètement à contre-courant de ce que je pouvais lire sur le blog. Et pourtant j'ai pratiqué ces échanges pendant près de 10 ans donc bien avant de la création du blog. <br /> Naturellement il y a plusieurs raisons à cela bien que, bien sûr je sois convaincue de la richesse de cette pratique, je ne l'aurai pas pratiquée pendant 10 ans si cela n'avait pas été le cas, mais il faut parfois oser passer à autre chose et faire des choix . Or il se trouve que je propose également un cahier de vie qui part dans les familles deux fois par période. A chaque voyage je demande un retour (quelque chose à faire à la maison avec les parents) qui est présenté au retour mais de manière plus brève et plus fréquente : soit 10 restitutions orales en moyenne par élèves au lieu d'un seul avec la mascotte. Ces restitutions ne se font pas toujours en grand groupe. Le plus souvent en petit groupe lors du langage et aussi beaucoup en individuel au moment où le cahier revient et en échange avec les camarades car ils ont accès à leur cahier à la demande pendant les heures de classe et donc beaucoup d'échanges entre eux car ils adorent les consulter dès qu'ils ont terminé un travail pendant l'accueil ou après la sieste. Timides au début, ils acquièrent rapidement plus d'aisance et si au début de l'année quelques parents oublient l'exercice je vous garantie qu'après Noël tous les cahiers sont complétés et les familles rodées. Je trouve ces moment extrêmement riches car chacun revient avec quelque chose de différent et surtout non influencé par la vision des autres, rien n'est formaté. C'est donc toujours une source d'étonnement, de surprise, on apprend aussi à respecter la restitution de l'autre, c'est l'apprentissage de la diversité, du respect et de l'ouverture aux autres.C'est devenu un vrai moment de PARTAGE.
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I
mais oui, il peut y avoir d'autres formes autour d'un objectif de langage d'évocation. Ce que j'aime dans le voyage de la marionnette, c'est l'union autour d'un projet commun, c'est cet objet qu'est la marionnette et dont l'identification à elle est très forte chez les petits qui réussit à unir des familles, à les relier entre elles, à les rendre créatives,et à les mettre sur le même pied d'égalité et de ce fait à motiver la parole de leur enfant qui ressent l'engagement de sa famille dans le projet. J'ai toujours eu le sentiment de cohésion à travers ce projet et il me tenait à coeur de créer du lien pour des familles très hétérogènes. C'est pourquoi je suis tiraillée par mon enthousiasme toujours intact à propos de ce projet et les nécessaires évolutions qu'il est utile de mener et que j'ai toujours menées lorsque je travaillais. En discuter avec vous me permet de mieux réfléchir à cela car vous êtes le TERRAIN et c'est irremplaçable.
I
Je n'ai aucune idée établie sur le comment faire pour ce projet précis et je ne suis pas certaine du bénéfice, ni de la possible organisation. Je m'interroge juste à la lecture de tout ce que je lis ou entends de l'expertise théorique.
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I
C'est vrai qu'il y a avec ce récit un effet groupe sur le fait que la parole est attendue et qu'oser le faire devant un grand groupe est un défi personnel. D'autre part, ils ont ainsi tous droit à leur petit moment de &quot;gloire&quot;.
I
Pour ma part, peu de temps collectifs, à part la lecture de l'album, les chants et le récit de la mascotte. Cela en fait un moment important, un cérémonial qui donne une valeur d'autant plus importante à cette prise de parole devant le groupe entier. Il me semble que c'est bon aussi pour l'estime de soi, surtout quand la séance se clôt par les applaudissements des copains !
I
Oui il n'est pas question de les abandonner, c'est important le collectif , mais c'est plutôt rééquilibrer les temps tous ensemble et les temps en petit groupe. Passer plus de temps dans les moments actifs que passifs.
N
C'est vrai que ces regroupements, s'ils sont trops longs, sont souvent inefficaces, sources d'agacements, de perpétuels &quot;chut&quot;, peu d'élèves sont vraiment avec nous dans ces moments là et ont du mal à se sentir concernés lorsqu'on s'adresse au groupe et non à eux personnellement. Cependant, il faut bien à un moment fédérer la classe, que l'enfant se sente appartenir au groupe-classe. Lorsque j'étais en CLIS, un inspecteur m'avait reproché de trop individualiser mon travail, de ne pas assez m'adresser au groupe-classe complet car en fait, lorsque je ne m'adressais pas à lui nominativement, l'enfant ne se sentait pas concerné. Il est vrai que les enfants étaient plus âgés. Donc, la question qui se pose pour moi est de savoir comment crééer une cohésion de groupe, un sentiment d'appartenance global sans ces moments de regroupements? Ne faut-il pas les conserver un minimum, ne serait-ce que pour les moments de chants, de comptines etc ?
M
J'ai des TPS/PS depuis 4 ans et je fais de moins en moins de temps de regroupements. Les enfants racontent leurs cahiers de vie en petit groupe, en relation duelle ou peuvent le prendre pour le raconter aux copains pendant l'accueil.C'est difficile de les avoir tous attentifs à part pour la lecture d'album. Depuis le début de cette cinquième période, je teste la mise en place des ateliers sans passer par la phase regroupement, en allant chercher un par un les enfants avec qui je souhaite travailler. Mon Atsem en fait autant. Cela permet de laisser certains dans le jeu qu'ils ont démarré à l'accueil. Certains rituels comme mettre les étiquettes-nombres pour compter les absents, avancer le bonhomme sur le calendrier, je le fais à l'accueil avec un ou deux enfants. Mais c'est une fois que les enfants ont vu ça en grand groupe au début d'année. Car, au début d'année, je fais des petits regroupements qui permettent de se poser, de diminuer le bruit . Alors, oui, je te rejoins Isa dans ta réflexion.
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E
C'est un axe de réflexion intéressant... On pourrait envisager de faire les restitutions en petits groupes de langage, mais l'inconvénient serait que les élèves avec le plus de difficultés en langage auraient moins d'occasion d'entendre les bons élèves moteurs...
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I
C'est vrai Émilie, mais le petit groupe permet de donner plus souvent la parole, n'est ce pas ce que nous devons rechercher ? Je n'ai pas de réponse toute faite, je me pose des questions tout projet est amené à évoluer me semble-t-il afin de toujours aller vers le meilleur pour les élèves.
E
Ton idée de marionnette à la maison est porteur à bien des égards: être capable de partager la mascotte, partager le temps de parole,respecter l'autre,sa parole, pouvoir attendre son tour, stimuler une interaction entre élèves voire un dialogue ( j'ai des TPS/PS en RRS quasi non francophone!!) être fier de sa production..<br /> Cependant nous pourrions peut être utiliser le multimédia, soit enregistrer soit filmer les élèves pour qu'ils aient un retour !<br /> Une collègue a également travaillé sur le thème ville/campagne en s'inspirant de rat des villes,rat des champs et a donné à chaque élève ( en plus de la mascotte qui est aussi un rat!!) un rat chacun ,merci le magasin suédois!!! ils sont enchantés,le prennent en récréation, créent des histoires entre eux, ramassent ceux qui l'oublient, bref ils prennent ça très à coeur!!
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