Ma réponse face au jeu de bagarre: module 3 Agressivité
Qu’il est difficile de remettre en question des représentations construites et fondées sur des valeurs et des principes que nous n’osons même plus interroger.
Est-ce trop difficile ? Est-ce trop risqué ? Le changement n’en vaut-il pas la peine ?
Parfois, il semble plus sage de ne rien tenter et pourtant l’insatisfaction et le désir de changement continuent de tarauder.
Depuis le début de ce fil rouge, nous savons que nous allons aller creuser dans des méandres profonds et qu’il est possible que cela fasse ressurgir des sentiments que nous n’aimons pas.
Accepter l’idée que tout être humain doit apprendre à se délester de son agressivité naturelle n’est pas dans l’ordre de nos représentations.
La plupart des gens pensent que le petit enfant qui nait fragile et innocent ne peut porter en lui une agressivité. Pourtant vers 18 mois il va devenir un être qui mord, qui tape, qui pousse, qui tire, qui arrache, qui jette, qui pique des colères et s’enrage pour une frustration et ce durant au moins deux ans. Ce passage plus ou moins terrible selon les individus correspond à la période la plus violente en termes de rythme (fréquence des crises agressives) et en termes de coups (rapport poids/force).
Les adultes ont la responsabilité d’aider le petit enfant à trouver des alternatives pour renoncer à cette agressivité. Faute de quoi, il gardera en lui une violence plus ou moins latente qui s’éveillera dans les moments de peur, de frustration et d’échec, influencés parfois par un entourage et un environnement eux-mêmes violents.
Cette représentation de la graine de violence heurte notre image angélique de l’enfance malgré le constat qu’ en travaillant avec des petits, nous avons tous les jours des faits d’agressivité.
Parmi les alternatives possibles, il y a l’autorisation de jouer à se battre pour apprendre à maitriser son agressivité par le défoulement des tensions, à se socialiser puisque le jeu impose des limites, à contrôler ses gestes puisqu’il faut savoir retenir ses coups pour ne pas faire mal.
Bien des questions ont été soulevées par cette autorisation. Nous sommes habitués à lutter contre toute forme de violence et se battre porte en soi l’esprit de brutalité.
Lors de nos derniers échanges, la perplexité a été mentionnée, c’est important de pouvoir extraire nos sentiments et de les partager en toute confiance.
Chacun doit pouvoir avancer du nombre de pas qu’il souhaite et nos débats accompagnent ces avancées sans avoir à les précipiter. Mieux vaut poursuivre une réflexion plutôt que de se lancer dans des pratiques dont on n’est pas certain.
Le jeu de bagarre, de combat, de bataille nécessite un cadre. Cette condition permet de le différencier des bagarres anarchiques que les adultes réfrènent en permanence à juste titre.
A chacun d’identifier ce qu’il peut mettre en place selon ses moyens, l’avancée de sa réflexion, l’esprit d’équipe dans laquelle il évolue.
Pour ma part, il me semble qu’une autorisation demande qu’elle soit formulée, c’est pourquoi après avoir expliqué et exercé le jeu dans le cadre des apprentissages ( ex : danse de boxe…cf période 3 année 2017-2018) un espace, des règles et une surveillance doivent permettre aux enfants de trouver une alternative à leur besoin reconnu et accepté.
C'est très certainement une nouvelle approche pour beaucoup d'entre nous. Quel risque porte-t-elle ? Il est toujours possible de renoncer si les débordements augmentent mais n'y-a-t-il pas en soi suffisamment de curiosité pour se laisser porter par le torrent plutôt que de continuer à vouloir nager à contresens jusqu'à épuisement ?