Qu'est-ce que le bilan quotidien ?
Je reviens sur un sujet qui me semble important de partager et qui rejoint mon intérêt pour l’observation, il s’agit du bilan quotidien.
Le temps de préparation de la classe est conséquent, le temps d’enseignement également mais il est un temps qu’il ne faut pas négliger à mon avis et qui n’est pas suffisamment mis en avant, me semble-t-il, c’est l’après-classe lorsqu’on se retrouve avec des sensations, parfois agréables, parfois désagréables et qu’on ne sait pas trop quoi penser de sa journée.
C’est pourtant dans cette prise de recul que se forgent, selon moi, les attitudes de l’enseignant.
Mesurer ce qui s’est passé entre l’objectif et le résultat atteint est une nécessité qui me semble découler du bon sens quand on vise la réussite pour ses élèves, évidemment c’est en créant les conditions grâce à la préparation qu’on met en place les bases de cette réussite, évidemment l’évaluation est considérée comme le facteur de mesure le plus précis mais entre ces deux points, il y a l’observation qui , de mon point de vue, est un outil incontournable pour plusieurs raisons.
D’abord, tout ne s’évalue pas et heureusement ! Ensuite, une bonne préparation n’est pas un gage de réussite, malheureusement ! Il y a donc le besoin de comprendre ce qui a fait que…. Une séance ratée peut être un formidable moyen de progresser dés lors que l’enseignant se penche sur son échec, tout comme il est bon aussi parfois de s’interroger sur ce qui a fait que tout s’est bien passé. Comment le fait-il ?
Je propose dans les préparations une fiche bilan quotidien qui se veut succincte, elle l’est parce qu’il est préférable de synthétiser plutôt que de se lancer dans un exercice fastidieux d’écriture. C’est pourquoi je conseille de cibler son bilan et de se montrer très condensé.
Voici les quatre intitulés à conserver dans l’ordre que je suggère :
- observations
- difficultés rencontrées
- solutions envisagées
- satisfactions.
Les observations sont personnelles et chacun y écrit ce qu’il désire observer de sa journée. Ce qui ressort est ce qui l’ a particulièrement attiré, ce dont il a envie de parler en imaginant qu’il veuille le partager avec d’autres (ou pas d’ailleurs). Mais c’est souvent ce qui le touche, ce qui lui pose souci ou ce dont il est content, cela peut être un sentiment global ou bien une observation d’élève ou encore un moment ciblé d’un apprentissage ou même un questionnement personnel. Ce qui est important c’est d’être honnête avec soi-même et de revenir en pensée sur sa journée. C’est un exercice très formateur.
Les difficultés rencontrées peuvent être choisies. Parfois une journée entière semble décevante, l’enseignant peut sélectionner un ou deux points uniquement, ceux qui lui semblent les plus complexes par exemple ou bien les moins complexes dans la mesure où il va falloir envisager des solutions comme le bilan le préconise.
Ces solutions doivent être concises et précises et pour chaque difficulté citée, l’enseignant trouve une réponse qu’il s’engage à tester. Personne n’a vraiment la certitude que ce qu’il envisage aura un effet positif mais c’est en essayant, en observant et en inventant qu’il progresse dans son métier. En prenant l’habitude quotidiennement de se soumettre à cet exercice de réflexion, l’enseignant acquiert une attitude professionnelle qui , sans qu’il le perçoive concrètement, va l’aider à s’adapter aux difficultés en présence des élèves. D’autre part, il améliore sa capacité d’observation et de réaction, il stimule sa recherche de solutions et il en augmente sa gamme.
Il clôt son bilan par le point Satisfactions qui est un élément indispensable pour « tenir » face à la difficulté du métier, il est essentiel de trouver dans sa pratique des motifs de satisfaction. On ne peut se réaliser dans la frustration continuelle, il est crucial d’avoir des raisons de se réjouir .Lorsqu’on est atteint et qu’on ne voit plus que ce qui ne va pas, il est difficile de conserver son objectivité. C’est pourquoi l’exercice quotidien qui oblige à trouver au moins une satisfaction entretient l’étincelle qui peut permettre de réagir sans se laisser emporter par l’abattement.
Comme vous l’avez compris, ce bilan quotidien ne doit pas être un pensum, si cela est le cas, alors il faut chercher comment le faire différemment, peut-être en venant parler d’un de ses soucis sur le blog par exemple. Je pense que l’activité de bilan prend sa raison d’être dans la mise à distance nécessaire face à son travail, peu importe la forme. Personnellement, j’affirme que des groupes d’analyse de pratique devraient exister dans notre métier qui manque cruellement de points d’appui de ce type. Donc peu importe la forme mais il est essentiel d’y avoir recours pour progresser, pour se protéger soi-même, pour mieux comprendre ses élèves et mieux les aider. Et pour que l’exercice ne devienne pas une corvée, faites le avec plaisir et humilité, inutile de vouloir tout traiter, inutile d’en faire des pages, surtout pas d’ailleurs car l’exercice est aussi un défi de concision afin d’aller à l’essentiel. Mais prenez ce temps de réflexion et de retour sur vous-même, il vous sera autant profitable qu’un long temps de préparation.
Si vous avez des questions sur le bilan quotidien que je propose, n’hésitez pas, lancez-vous (même si vous pensez que votre interrogation est ridicule ou impertinente) , j’ai toujours autant de plaisir à vous répondre et à vous rassurer.